Autant les lecteurs se réjouissent de se voir offrir par des amis « le » livre qui a enthousiasmé ceux-ci, autant sans doute apprécieront-ils le menu que Nuit blanche, leur réserve.
Place aux écrivains d’appartenances plurielles. Le choix de l’auteure d’origine japonaise Aki Schimazaki, installée au Québec, d’écrire en langue française des romans qu’on dit très japonais peut surprendre, mais il ne déçoit pas, selon Linda Amyot, qui nous en fait découvrir l’essentiel.
De même, que Monique Bosco, née en Autriche d’une famille juive de langue allemande, choisisse de s’intégrer à la société québécoise de langue française et de créer en français une Suvre exigeante a de quoi étonner. Pierrette Boivin nous présente cette auteure perfectionniste dans toute sa richesse, sa diversité ; profondeur et indépendance d’esprit caractérisent cette femme sensible à la douleur des siens et de tous les mal aimés.
Diverses influences particulièrement contrastées s’expriment avec force chez Marguerite Duras, présentée par Hélène Gaudreau. Celle-ci a réussi à mettre en lumière la sensibilité et le génie de la langue, le sens de la nuance, chez celle que l’Indochine a marquée, qui est devenue une Française très métropolitaine par la suite. Portrait achevé de ce « monstre » de l’écriture.
Si Nuit blanche ne cesse de sonder le monde des livres, pour nourrir la curiosité de ses lecteurs, signaler l’essai d’un créateur dans le domaine évoquant ses bonheurs de lecture élargit encore l’horizon. Dans Pierres de touche, présenté par Laurent Laplante, Roland Bourneuf traduit l’exigence, la finesse d’une culture et d’un savoir littéraire sans faille, ses rencontres personnelles avec la littérature.
L’on doit à Laurent Laplante également un commentaire sur des essais parus en 2007 : Bourgault de Jean-François Nadeau et Pourquoi je suis séparatiste de Marcel Chaput, reprise d’un texte publié en 1961, enrichi de notes explicatives de Sylvie Chaput ; s’y s’ajoutent quatre textes inédits.
Laurent Laplante note que ces deux personnages hors du commun « pouvaient difficilement se fondre dans une même cause tellement ils étaient différents ».
Une autre présentation instructive de ce même collaborateur porte sur « des livres récents [qui]aident à situer le Québec dans le temps, l’espace, la vie des cultures et des nations ».
Chroniques habituelles : « L’écrivain méconnu » François Augiéras, est présenté par Patrick Bergeron comme marginal, délinquant même, alors que la perfection de son style en fait un classique.
« Le livre jamais lu » … a été dévoré par Micheline Duff qui se reproche de ne pas s’y être consacrée plus tôt. Une admiration que beaucoup partagent pour Au nom de tous les miens de Martin Gray.
Collaboration : « La fatigue politique du Québec français » de Daniel Jacques (version abrégée d’un texte à paraître dans la revue Argument), s’attaque à la question de l’indépendance du Québec.
Bonnes lectures. NB