Il y eut un temps où la guerre au Liban semblait sans issue ; il y a maintenant accalmie et nous cultivons l’espoir que le malheur ne reviendra pas dans ce pays avec l’éclatement d’une région soumise aux pires manifestations d’extrémismes antagonistes. Saluons donc, pour le moment, cette accalmie, saluons le courage de ceux qui s’emploient aujourd’hui à recréer les conditions qui ont permis que règnent naguère la grâce et l’harmonie entre les éléments de différentes origines ethniques, de différentes cultures, de ce pays que le hasard a placé sur le passage d’influences civilisatrices riches d’histoires.
La présence française au Liban, le dossier que nous vous présentons le rappelle, a été importante. Même si l’on doute de l’impartialité véritable qui anime les intentions des puissances civilisatrices, l’on sait que les institutions francophones établies au Liban ont accompli une tâche culturelle considérable. En témoignent les grands écrivains que nous retrouvons sous la plume d’Armelle Datin ; en témoignent également des événements comme les rendez-vous de la francophonie à Beyrouth et prochainement, un Salon international du livre.
Il est un avis largement partagé que c’est toujours par l’autre, à travers sa différence, que l’on se retrouve en quelque sorte en se renouvelant, que l’on évite le nombrilisme et le sur-place. La convocation de l’ailleurs et de l’humain dans sa différence ne peut que servir l’approfondissement de la culture de chacun, son élargissement. La langue française a été un vecteur majeur de civilisation au cours des siècles, ce qu’elle continue d’être chez nous la Charte québécoise de la langue française qui compte 25 ans en est la preuve et si nous convenons que l’anglais prend de plus en plus d’importance dans l’acquisition des connaissances et que l’usage des langues secondes est un enrichissement évident, l’ouverture à l’altérité à travers une langue commune est une richesse à portée d’usage, une expérience de proximité malgré son étrangeté qui n’a pas d’égale. La lecture nous apprend tous les jours que nous nous retrouvons à travers ce que les autres nous apportent ; ils nous font don de leur regard, de leurs oreilles, de leurs voix, et nous laissent nous approprier leur expérience singulière, en enrichir notre univers. NB