FRANCOPHONE, FRANCOPHILE
Comptoir de traite, ville française, ville militaire, ville portuaire… Ville « de bon gouvernement et d’histoire1 ». On attend beaucoup de monde cet été pour les 400 ans de la ville de Québec. La dimension que chacun accorde à la fête, l’angle qu’il ou elle souhaite privilégier, diffère joyeusement selon les intérêts ou les sensibilités. Quatre cents ans de présence française en Amérique – oui, mais sans oublier les prémices acadiennes de 1604 et de 1605. « Découverte » d’un site superbe – que les Amérindiens devaient fréquenter depuis belle lurette. Hommage à un fondateur – Champlain contre Dugua de Mons. Capitale francophone en Amérique – avec au sud, Port-au-Prince…
Quel que soit le point de vue, le symbole est fort et l’occasion belle de parler francophonie, d’Amériques et d’ailleurs. Parmi les événements qui animent Québec cet été, un congrès propose de « Faire vivre les identités francophones ». Bruno Dufour, coordonnateur du XIIe Congrès mondial de la F.I.P.F. (Fédération internationale des professeurs de français), s’exprime en ces termes : « La langue française est mon pays, la francophonie mon continent. ».
Mais revenons à l’histoire – et à ce numéro de Nuit blanche – d’abord avec Laurent Laplante qui a lu pour nous 23 ouvrages apparentés à la « science de l’homme dans le temps ». Du journal de guerre au roman historique, de la biographie à la Parole d’historiens, « Pratiques diverses de l’Histoire » montre que le « temps où le Québec se désintéressait de l’histoire » est bien révolu. Notre collaborateur s’est aussi penché sur trois livres lancés chez nos voisins étatsuniens durant la récente campagne à l’investiture démocrate. Retour sur le duel Obama-Clinton à travers la « contrôlable autobiographie » et l’« imprévisible biographie non autorisée ».
Roland Bourneuf présente comme « la fin d’un monde » les événements qui servent de matière aux créations de l’auteur hongrois Sándor Márai. Ainsi Libération, une œuvre de jeunesse parue en 2007 en français, a été écrite dans l’événement, celui du siège de Budapest à la fin de la guerre de 1939-1945. Métamorphoses d’un mariage, achevé en 1979, est présenté comme l’« histoire d’un naufrage, celui d’individus et d’un monde ». Selon le chroniqueur, on ne s’éloigne pas du destin politique d’une œuvre !
La littérature, pour François Hébert, (Dans le noir du poème), est le reflet nécessaire du monde à travers la subjectivité de ses créateurs, les Nelligan, Dantin, Saint-Denys Garneau, par exemple.
Créer une maison d’édition pour recruter des lecteurs « réfractaires », un projet idéaliste, mais qui sait ? L’équipe de Coups de tête atteindra-t-elle son objectif à travers ses neuf premières publications ? À suivre !
Journal d’une femme adultère de Curt Leviant est paru sans faire de vagues aux États-Unis en 2001. Traduit en France, le roman bat des records, au grand étonnement de l’auteur.
Avec le « Livre jamais lu » de l’écrivain et directeur de la revue Lurelu, Daniel Sernine, nous faisons incursion dans la vie et l’œuvre de Virginia Woolf. Patrick Bergeron, quant à lui, nous réserve une surprise : son « Écrivain méconnu du XXe siècle » est… Jean Paulhan ! Qui, malgré une présence reconnue dans la vie littéraire et intellectuelle de son temps, n’a pas eu la notoriété que son œuvre, volontairement discrète, aurait dû lui apporter.
Un numéro qui sort quelque peu des sentiers battus. Mais francophone, francophile… c’est tout et toujours Nuit blanche.
Bonne lecture ! NB
1. Alexis Martin, Le LOT 53, Nuit blanche, no 110, avril à juin 2008.
Image de la couverture : ©« Baking up » de Claude Alleyn http://perso.b2b2c.ca/claudealleyn
Peintre autodidacte né en 1946, Claude Alleyn fait des études en histoire à l’Université de Montréal après quoi il poursuit une carrière de communicateur qu’il partage avec la peinture.
Au cours des années 1990, en marge des grands courants de l’art, il développe une vision fraîche, singulière et parfois critique de notre univers. Depuis 1985, il a pris part à plusieurs expositions, à Montréal, Québec et Sutton. Il vit et travaille en Estrie.