L’agneau dit : « Quand je serai grand, je serai bélier.
C’est moi qui irai garder les chiens. J’aurai un troupeau de deux cents bêtes.
Je leur flanquerai des coups de cornes dans le cul, rien que pour le plaisir.
Pas question d’aboiements ! Je n’aurai qu’à bêler et ils fileront doux, il faudra voir. »
Roland Cailleux, Les esprits animaux, « Écrivains méconnus du XXe siècle », p. 50 à 53.
Mon père, ce truand
« [L]a vie d’un père est la première histoire d’un fils », écrit Deni Y. Béchard dans Remèdes pour la faim, récit autobiographique de cet écrivain né à Vancouver en 1974 d’une mère américaine et d’un père gaspésien. Et comme le note Patrick Bergeron, « un père voleur de banques fournit de meilleures histoires qu’un père mécanicien ou comptable » !
De la très petite à la grande, ample histoire : celle des Amériques depuis les mythes amérindiens de la création telle que présentée par l’Uruguayen Eduardo Galeano dans Mémoire du feu. « L’histoire devient vive, vécue, vibrante », écrit Michel Nareau ; « plus de 900 pages hallucinées qui prescrivent aux lecteurs une ferveur, une urgence, un goût de la découverte, un savoir nouveau ».
« Le trop vaste des mots »
C’est Catherine Voyer-Léger qui signe la rubrique « Écrivains franco-canadiens » de ce numéro, consacrée à l’œuvre protéiforme de Robert Yergeau. Si l’on retient souvent de Yergeau ses essais polémiques, la directrice du Regroupement des éditeurs canadiens-français, blogueuse et nouvellement chroniqueuse au Journal de Montréal, s’attache ici davantage à son œuvre poétique.
Éducation ou dressage ?
En 1999, le philosophe Peter Sloterdijk avait provoqué de vives réactions, voire le scandale, avec ses Règles pour le parc humain. En esquissant les principes d’une politique de la technique, il avait été « amené à nier toute pertinence à la distinction, si chère à tous les humanistes, entre l’éducation et l’élevage ». L’essayiste et professeur de philosophie Daniel D. Jacques a lu pour Nuit blanche Tu dois changer ta vie de Sloterdijk. « Qu’est-ce que l’homme sinon l’animal dont on exige trop ? »
Autre temps, autre philosophe : Laurent Laplante présente Comment vivre ? Une vie de Montaigne en une question et vingt tentatives de réponse de Sarah Bakewell.
De carnets en journal
Avec Jean-Paul Beaumier (André Major) et Judy Quinn (Jean-Pierre Issenhuth), incursion dans le monde des carnets d’écrivains, puis dans le Journal d’un écrivain en pyjama qui donne à entendre le rire sonore d’un Dany Laferrière écrivant « avec la gravité d’un enfant qui joue ».
Bonne lecture ! Suzanne Leclerc
En couverture du numéro 134, détail d’une illustration de Lew Yung-Chien, tirée de 60 biscuits chinois /60 Chinese cookies, livre primé par The Art Society of China (Taïwan) en 2012.
Né à Shanghai, Lew Yung-Chien est diplômé en arts de l’Université normale nationale de Taïwan. Il a par la suite étudié le dessin et les arts graphiques à l’École supérieure des arts modernes de Paris avant de s’installer à Montréal où il a cofondé la société de design graphique Hablutzel & Yung. Il se consacre aujourd’hui au taï-chi, à la calligraphie, à la photographie et à la peinture. Lew Yung-Chien est aussi l’auteur de L’esprit du taï-chi, Sentir que les poissons sont contents (2009).