Présentée par Peter Sellers, auteur et anthologiste reconnu, notamment pour son collectif Cold Blood, cette anthologie nous expose le talent de neuf nouvellistes, tous lauréats du prix Arthur-Ellis de ces dix dernières années. Plusieurs grands noms s’inscrivent à la table des matières de ce recueil de nouvelles policières, noires et mystérieuses ; ils sont tous Ontariens, pour la plupart Torontois, même si le prix est canadien.
La singularité des héros surprend à chaque nouvelle. Le lecteur fait un saut dans plusieurs univers, dont ceux d’une fillette qui se fait voler son tableau, d’un itinérant berné par ses semblables, d’une doyenne de son quartier, d’un convoyeur d’argent à la veille de sa retraite, d’un Indien qui mangeait tranquillement avant de se faire déranger Les lieux sont aussi variés : l’action se déroule à Las Vegas, au Costa Rica, au Cachemire, en Utopie (un pays imaginaire), à New York
Les lecteurs les plus attentifs aux indices ne resteront pas pantois devant le dénouement des histoires ; les autres se feront peut-être prendre au jeu des auteurs. L’amateur de polars se trouvera en terrain connu : des nouvelles classiques qui aboutissent à des quiproquos tendant parfois vers la facilité. Quelques-unes, cependant, ressortent du lot avec une intrigue mieux tissée, plus tordue. La plupart des fictions proposent des images sanglantes sans toutefois avoir recours à des descriptions détaillées, ce qui rend la lecture agréable, et mène à de multiples interprétations. Pourquoi tout expliquer lorsque la suggestion est plus évocatrice et efficace ?
En somme, le deuxième volume des Prix Arthur-Ellis présente onze nouvelles policières qui ne donnent pas du tout dans la violence gratuite, malgré le thème majeur de la vengeance. Aussi, même si ces fictions ne renouvellent pas le monde du policier, en restant dans les sentiers battus, elles procurent satisfaction comme un bon roman noir écrit dans les règles de l’art.