C’est l’histoire d’une obsession vieille comme le monde, celle d’un homme à la recherche d’une femme à une différence près : Ricardo Vacarezza aurait connu sa « promise » trois mille ans plus tôt. Le héros, qui vit à Buenos Aires dans les années 1930, a tout pour être heureux. D’étranges rêves pourtant le tourmentent, peuplés par les images d’une femme aimée et d’une singulière statuette dont le visage n’a ni yeux ni bouche. Ricardo parle dans son sommeil, mais curieusement dans une langue étrangère et « avec la voix d’un autre ». Ses visions, envoûtantes, l’inciteront bientôt à suivre une psychanalyse jungienne qui le poussera à partir pour la Grèce, sur les traces de « Sara. C’est le nom qu’il avait décidé de lui donner ».
Réminiscences, réincarnation, ou simplement puissante intuition ? Sur fond historique, dans un décor de fouilles archéologiques ‘ comme pour donner la part belle à l’authenticité, les amours séculaires renaissent de leurs cendres.
Gilbert Sinoué jongle avec les leurres, fait vivre à son héros une aventure dont on ne saura qu’à la fin s’il s’agit d’un phénomène inexplicable, aux frontières de la science-fiction, ou plus prosaïquement d’une grande histoire d’amour, teintée à ce titre d’une assertorique magie.
En spécialiste des romans historiques, c’est bien l’intelligible que l’auteur plébiscite dans une histoire un peu facile au final, et où l’on débusque ici ou là certains clichés. Une lecture plaisante qui ne durera toutefois pas des jours et des nuits.