Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran rappelle La vie devant soi de Romain Gary dans la mesure où on y retrouve les mêmes éléments mais pour ainsi dire inversés. Bien que les deux ouvrages mettent en scène un jeune Momo abandonné par ses parents qui trouve refuge chez des étrangers, le Momo de Gary est un jeune Arabe prénommé Mohammed, tandis que le Momo de Schmitt s’appelle Moïse et appartient à la religion juive. Comme Gary avant lui, Eric-Emmanuel Schmitt joue sur l’ambiguïté d’un surnom qui renvoie autant à l’islam qu’au judaïsme. Loin de tout sectarisme, les deux Momo s’accomodent fort bien de cette double identité et ne voient aucun obstacle à se choisir une nouvelle filiation hors de leur confession d’origine. Ainsi, Mohammed devient le fils spirituel d’une vieille dame juive, Madame Rosa, tandis que Moïse est adopté par Monsieur Ibrahim, un vieux sage qui lui fera lire le Coran.
L’éditeur d’Eric-Emmanuel Schmitt nous informe que Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran constitue le second tome d’une trilogie portant sur le bouddhisme, l’islam et le christianisme. Voilà un projet qui cadre tout à fait avec les préoccupations philosophiques du romancier et dramaturge français. Malheureusement, Schmitt crée trop souvent des attentes qui ne sont pas comblées. L’auteur de la célèbre pièce Le visiteur a beau construire ses œuvres à partir de savants concepts, il a beau amener le lecteur à se creuser la tête pour le suivre, ici encore son travail demeure superficiel, donnant la désagréable impression d’être inachevé et privé d’une substance qui s’annonçait pourtant beaucoup plus dense.