Comédien, humoriste, l’auteur puise à même ses expériences de vie de jeune adulte pour nous émouvoir et nous faire rire dans un récit autobiographique qui oscille entre l’autoconfession et l’autodérision.
Panayotis Pascot s’attaque ici à trois thématiques dont chacune, prise séparément, pourrait faire l’objet d’une publication, voire d’un spectacle solo : la relation au père, la révélation de son homosexualité et celle de sa dépression. Les trois thèmes s’entremêlent et se nourrissent mutuellement. L’intérêt, et le succès du livre, repose moins sur les sujets abordés que sur la façon dont ils nous sont livrés. Panayotis Pascot a fait le choix de se livrer dans son récit comme il le fait sur scène : le rythme est rapide, le ton parfois cru et le recours à l’oralité rappellent le langage scénique. La réaction attendue est au même diapason que le besoin de se livrer, d’attirer la sympathie du lecteur.
Le récit s’ouvre sur l’impossible dialogue avec le père, qui va bientôt mourir. Si ce dernier le répète à satiété à qui veut bien l’entendre, c’est bien parce que personne ne l’écoute, aussi s’affaire-t-il à rénover et à réparer ce qui peut encore l’être. Cela inclut la relation avec ce fils si différent des autres, qu’il n’a jamais compris. Tous deux s’appliquent maladroitement à corriger les choses avant qu’il ne soit trop tard, le père cherchant à apprendre à son fils comment, par exemple, clouer une planche sans se blesser, tandis que ce dernier s’efforce de ne pas le décevoir en essayant de l’imiter. À elle seule, la scène illustre ce qui les unit et les éloigne : le désir de bien faire, mais chacun à sa façon.
Le récit est entrecoupé de la succession des différentes relations amoureuses qui ont conduit Panayotis Pascot à accepter son homosexualité. Non sans humour et une certaine tendresse, voire une franchise décomplexée, ces passages n’ont toutefois pas la même intensité dramatique. L’impudeur recherchée par la description d’une suite d’expériences et de découvertes amoureuses n’égale pas la tension qui caractérise la relation entre le père et le fils. Le même constat s’impose lorsque l’auteur aborde ses épisodes de dépression et le suivi psychanalytique qu’il entreprend : ce n’est plus là un sujet tabou qui, défiant l’interdit, suffit à intéresser le lecteur.
Il ne serait pas étonnant que La prochaine fois que tu mordras la poussière constitue la matière du prochain spectacle de Panayotis Pascot. Le fond et la forme s’y prêteraient bien.