Peut-être l’ultime façon d’associer le besoin du sacré et le désir de liberté, la poésie persiste en nous comme un registre désuet, dont l’absence d’objet n’a d’égal que le désir de présence qui la fonde. Par le biais d’une poignée de recueils publiés depuis un an, voici une tentative de tisser quelques fils entre des regards offerts.
À l’heure imprécise où les sectes se font de plus en plus nombreuses et agressives, entraînant souvent leurs fidèles dans une autodestruction aveugle, les aspirations spirituelles ont mauvaise presse. On ne saurait nier l’apport immense du scepticisme depuis Montaigne, mais cela n’empêche pas la question de la transcendance de conserver une pertinence agaçante, tout en demandant plus de délicatesse que jamais pour être abordée.
Soif d’étonnement, refus de l’univocité, le poème convoque cette question du sacré sans vouloir la résoudre. Mystère et infini, même s’ils ne correspondent qu’à la remise en jeu perpétuelle des façons de percevoir, font du poème un exercice spirituel où le dévot et le païen dialoguent dans la langue, pavant avec curiosité les lieux de l’imprévisible.
Du côté des anciens
Normand de Bellefeuille – Andrée Christensen – Jacques Flamand – Madeleine Gagnon – Paul Bélanger – Alexis Lefrançois – Pierre DesRuisseaux – Robert Giroux – Renaud Longchamps – Claude Pélieu – J. R. Léveillé
Non sans hasard, ce sont vingt-trois recueils de poésie qui se sont retrouvés enfermés chez moi cet hiver, de différentes provenances et de tous styles. Pour y mettre un peu d’ordre, commençons par ceux qui s’inscrivent dans ce qui est déjà une œuvre, un parcours.
La construction d’un ensemble au fil de ses livres successifs est certainement une des préoccupations principales de Normand de Bellefeuille. Dans La marche de l’aveugle sans son chien, un des joyaux de la production récente, il multiplie encore les rappels de ses œuvres précédentes avec des thèmes ou des procédés déjà exploités, comme « Le marcheur et la triade » ( trois sections de 30 poèmes, énumérations ternaires, etc.). Inaugurant de belle façon la collection « Mains libres » de Québec Amérique, Normand de Bellefeuille arrive plus que jamais à instaurer l’harmonie entre forme et contenu. La marche est ainsi non seulement une méditation fraternelle sur la douleur, mais un véritable langage de la douleur. Malgré quelques longueurs et une opacité parfois gratuite, cette poésie respire la complétude et l’équilibre des facultés. Entre le deuil et l’innocence, « au plus près des mots / de leur rare vérité / tant ceux-ci mentent / tant ils manigancent ».
Cette façon dynamique de scruter la mort qui bat en nous trouve un écho dans deux autres publications, où les Pierres de Roger Caillois sont incidemment invoquées en intertextualité. Les deux Franco-Ontariens Andrée Christensen et Jacques Flamand proposent ainsi un recueil commun, Lithochronos ou Le premier vol de la pierre, dans lequel photographies et fragments poétiques trouvent prétexte dans un cadavre d’oiseau se décomposant sur un parvis de pierre. Alors qu’au fil des images le volatile échoué se désagrège, les textes témoignent de son entrée dans une autre vie, celle du regard et de la mémoire entremêlés. On se rappellera aussi, à travers cette lecture de choix, de la charogne baudelairienne et de sa beauté antithétique.
Dans Rêve de Pierre, Madeleine Gagnon célèbre trente ans d’écriture en traquant le mouvement dissimulé dans l’immobile. Cette quête se reflète dans deux suites en prose encadrées par deux autres en vers, dont la brièveté des segments produit un ton méditatif proche d’Eugène Guillevic. Mais l’abondance de prépositions et de conjonctions, d’ellipses et d’inversions finissent par décourager un peu, faisant naître le désir d’une évidence et d’une fulgurance plus grandes. On goûtera cependant avec plaisir la « débâcle » finale, où le mouvement resurgit dans des effluves printaniers.
Encore plus marqué par les longueurs est le dernier-né de Paul Bélanger, paru il y a presque un an. Alors que l’excellent Fenêtres et ailleurs (1996) condensait les lectures de Paul Bélanger dans un lamento cosmopolite très juste, Périphéries déchoit dans une accumulation qui tient davantage du journal de bord que du recueil de poèmes. Les références à Pessoa, les multiples allusions culturelles ne servent plus à un dialogue mais demeurent un étalage terne, « protomélancolique » et insatisfaisant. On attend beaucoup plus d’un poète qui s’annonçait comme un des dignes successeurs de Michel Beaulieu.
Autrefois figure emblématique de la poésie chez Noroît, Alexis Lefrançois s’est retranché, depuis sa rétrospective Comme tournant la page, dans un mutisme désabusé. C’est tout le contraire de l’amertume qu’il nous offre cependant dans un curieux retour en compagnie de Jacques Thisdel, L’abécédaire des robots. Alors que Jacques Thisdel exhibe vingt-six robots totalement disjonctés, Alexis Lefrançois fournit à chacun un bref poème de facture tout aussi saugrenue, dans un hommage à l’imagination qui se destine à l’enfant comme à l’adulte. Ce dernier pourra toutefois se demander si un Lefrançois plus métaphysique ne reviendra pas nous visiter un jour.
Avec Graffites et Le miroir des mots, Pierre DesRuisseaux et Robert Giroux se rejoignent par leur attention toute spéciale à la construction de l’instant, malgré le désenchantement qui filtre dans leurs voix. Robert Giroux puise toutefois beaucoup dans le passé, offrant une espèce d’autobiographie poétique dont le critère demeure l’efficace de la parole. Dans un style ample, il transmute le souvenir en valeur d’échange actuelle : « toute cette fiction / pour nous délier la langue ». Quant à Pierre DesRuisseaux, son rythme est plus heurté, manquant parfois d’aisance. Apte à nommer, à faire face à une contemporanéité plutôt triste, l’auteur ne dote cependant pas à son livre d’une personnalité assez distincte pour vraiment le démarquer de Mots de passe (1998).
Cette revue du temple de la renommée poétique ne saurait exclure la parution du second tome des œuvres complètes de Renaud Longchamps. Remise en circulation de plaquettes épuisées depuis longtemps, Explorations correspond à une période (1974-1977) où l’influence d’Henri Michaux et de la contre-culture sur l’auteur était très active. Un langage déconstruit, à la syntaxe désagrégée, puis travaillée par l’instinct ou la révolte consciente, avec une dextérité qui rappelle celle du sculpteur. Cette mouture retravaillée rassemble les premiers écrits vraiment diffusés du poète (dont Anticorps) et témoigne des débuts de son obsession biologique.
Enfin, ami et traducteur des hérauts de la « beat generation », Claude Pélieu reproduit l’esthétique du collage et de la dérive frénétique qui fit toute la pertinence d’Allen Ginsberg et de William S. Burroughs. Au point qu’on a presque l’impression, avec Studio Réalité, de lire une traduction de l’américain, alors que Claude Pélieu est bien ce Français exilé aux États-Unis depuis les années 60. Malgré que cette écriture possède une vivacité certaine, le côté nostalgique de l’entreprise réserve le tout, après quelques pages, aux mordus de ce style baroque. Quant à Pièces à conviction du Manitobain J.R. Léveillé, c’est carrément la reproduction, sans originalité, de la technique dadaïste consistant à faire des tableaux avec des coupures de journaux. À part celui qui se trouve en couverture, les différents assemblages n’ont d’intérêt ni visuel ni sémantique. On demande autre chose, s’il lui plaît, à cet auteur de romans et d’anthologies, car la subversion s’accommode mal de tels « remakes ».
Continents féminins
Élise Turcotte – Élisabeth Vonarburg – Sylvie Nicolas – Louise de gonzague Pelletier – Ghislaine Pesant – Mitsiko Miller – Myriam Legault
Élise Turcotte n’est pas non plus une nouvelle venue. D’abord reconnue comme poète, c’est désormais la prose et la littérature jeunesse qui l’occupent. On redécouvrira donc avec plaisir La voix de Carla, réédité douze ans après sa parution initiale et qui annonçait déjà le tournant narratif de son œuvre. Mais, dans ces courtes proses, le personnage de Carla et son histoire demeurent avant tout des effets de voix, à la base même des possibilités romanesques : « Le titre sera blanc. Blanc comme le bruit. Blanc, la couleur du nom de Carla. »
Cette façon de fouiller les soubassements du conte est aussi ce qui anime Le lever du récit d’Élisabeth Vonarburg. À l’inverse d’Élise Turcotte, c’est après plus d’une vingtaine d’ouvrages narratifs qu’elle aborde la poésie. Bien que surprenante, sa présence au catalogue des Herbes rouges s’explique par l’ambiguïté et les nombreuses ruptures de ton qui structurent ses poèmes. S’adressant d’abord à sa mère décédée, elle s’agrippe à ce deuil pour transformer l’absence en capacité de raconter, et cette plongée révèle habilement le poétique comme origine du récit.
Comme les deux précédentes, Sylvie Nicolas est, elle aussi, « auteur jeunesse » à ses heures. Son troisième recueil de poésie, Anastasie ou La mémoire des forêts, est un moment de joie presque ininterrompu. Incantatoire, désireuse de nommer l’univers, cette parole se déploie dans l’ombre de divinités vertes (tortue, mousses, feuillages) qui murmurent encore à l’oreille attentive, avec une vision toujours lucide qui vient réconcilier nos racines amérindiennes et françaises.
Cet équilibre entre intuition et maîtrise du discours n’est ni facile ni courant. Chez Louise de gonzague Pelletier, par exemple, auteure de nombreux livres depuis 1976, un souffle d’abord riche se fane progressivement. La tendresse de Lettres douces à mes adolescentes finit ainsi par tourner en poésie du dimanche, dans des aquarelles un peu hautaines. Chez Ghislaine Pesant, de retour après quatorze ans de silence, c’est le problème inverse. Maîtrisant la langue avec nerf, elle donne tant de place à la mise en évidence de l’écriture que Fracture, double devient didactique et froid, bien que certains passages poussent de temps à autre à poursuivre la lecture.
Mitsiko Miller, connue pour ses prestations scéniques en compagnie d’autres artisans du « spoken word » montréalais, a choisi l’an dernier de transposer ses expérimentations en format livre. Le cœur en orbite, direct et spontané, n’échappe cependant pas à des clins d’œil un peu faciles. D’une belle facture visuelle, avec des chapitres empruntant leurs noms à ceux des planètes, l’ouvrage mime bien la façon dont nous tournons souvent autour de l’amour par peur de nous rencontrer, mais l’attitude verbale de Mitsiko Miller souffre un peu de ce passage du spectacle au papier.
Si elle dédie son livre À la mauvaise herbe, la jeune Franco-Ontarienne Myriam Legault n’est pourtant pas pirate du verbe. Pas encore du moins, puisqu’elle succombe à de nombreuses facilités, avec un ton adolescent à mille lieues de celui d’Arthur Rimbaud. Pourtant, une voix semble vouloir percer, et s’il reste que « Prise de parole » n’a pas tort de puiser dans de nouvelles tessitures, il faudra patienter pour qu’elle donne réellement ses fruits.
Fenêtres et ailleurs
Andrea Moorhead – Fabienne Roitel – Marc Arseneau – Michel Blouin – Michel Forgues – Jan Skácel – Noël Arnaud
Autant que la traduction, l’écriture des immigrants et la coédition stimulent nos propres chercheurs d’étrangeté, contribuant ainsi à ce que la poésie mette en scène divers pays.
Poète américaine publiant depuis quelques années au Québec en langue française, Andrea Moorhead est ainsi de ceux qui provoquent un contexte d’altérité. Dans sa dernière offrande intitulée Le vert est fragile, elle use d’une brièveté qui se rapproche de celle du Haïku. De courts poèmes titrés, se succédant sans autre forme de regroupement, sont comme autant d’instantanés où fleure la nature. La composante humaine y demeure floue, dissimulée, ce qui laisse au lecteur le privilège d’orienter lui-même ces fables muettes. À la fois descriptif et magique, ce recueil invite à la contemplation sans être racoleur.
Dans la collection « J’aime la poésie », dont le nom masque la qualité, Lanctôt éditeur publie Fabienne Roitel, Française en voie de « québécisation » avancée puisqu’elle habite ici depuis quatorze ans. Son livre, Couvre-feu, est porteur d’une impressionnante rigueur, qui lui fait courir le risque d’une certaine froideur dans l’expression. C’est qu’une douleur glaciale semble à la source de ses textes, le poème tenant lieu d’exorcisme et de transfiguration. Très pure, cette voix s’exprime en prose ou en vers avec une tension qui la rapproche du dramatique, alors que l’espoir, difficile, est lentement admis. Certains passages restent peut-être lettre morte, relevant du strict ressort de l’intériorité, mais l’ensemble respire une grande qualité.
Maintenant directeur de la revue éloizes, l’Acadien Marc Arseneau s’était fait remarquer avec À l’antenne des oracles en 1992. Toujours aux éditions Perce-neige de Moncton, il poursuit avec L’éveil de Lodela l’aménagement d’une modernité qui puisse tirer profit de l’héritage culturel sans pour autant s’y limiter. Même s’il reste quelque chose d’un peu boiteux dans tout ça, jusque dans le titre, Marc Arseneau parvient à enjamber l’aliénation tout en faisant reculer les balises de la francophonie des Maritimes : « si on vient de si loin / c’est aussi bien / d’hurler sa paix et sa plaie / à développer un présent / tout d’un coup / cri du bayou ». Usant du dérisoire, du minimalisme et du « chiac » (ce joual acadien), il devra cependant creuser plus loin pour tisser un réseau de sens durable. Étrangement, l’impact semble déjà supérieur dans son poème en anglais, ce qui signale peut-être un quelconque danger.
Survivant de la pleine lune : ce petit recueil de Michel Blouin n’a l’air de rien, mais c’est une belle entrée en littérature. D’emblée, l’accord avec les illustrations de Vladislav Ehlers est très réussi, en concordance avec le côté slave de Michel Blouin, pourtant venu au monde à l’Île d’Orléans. Malgré une attitude un peu adolescente, il a le mérite d’avoir une voix dense et une façon cohérente d’assembler ses textes. Lapidaires et elliptiques, ces poèmes désespèrent comme on marche tranquillement sous les astres. Ils portent en filigrane, notamment avec le motif récurrent de la drogue, un plaidoyer pour l’ivresse, dont l’écriture et l’amour, comme chez Charles Baudelaire, semblent des réalisations encore plus idéales : « Si nos lèvres se touchent / je ne serai plus / jamais à jeun ». Criant doucement sa révolte, sans trop se donner en spectacle, ce survivant n’est pas sans tics mais il excite déjà la curiosité.
Récemment fondées, les éditions Trait d’union publient des collaborations entre auteurs québécois et européens. Ayant déjà pris sous leur aile les poètes Pierre Ouellet et Lucien Francœur, elles ont aussi lancé la collection « Tabula rasa », destinée, selon leurs dires, à « fissurer l’inconscient ». Premier titre de cette collection, Une lettre de granite du « performeur » Michel Forgues augure d’une fusion ambitieuse entre scène, tableau et texte. Le résultat n’est pas si loin des expérimentations « beat » ou contreculturelles (comme celles d’un Patrick Straram), avec ses syncopes, ses mots anglais et ses références orientales. Un peu volatile et chaotique à vrai dire, malgré le baroque affiché, et forcément en décalage par rapport aux performances de l’auteur.
Petit détour européen pour finir. D’abord, de Belgique, nous vient une très intéressante traduction du tchèque, Ce que le vin sait de nous de Jan Skácel (1922-1989). Cette brève rétrospective, d’à peine une quarantaine de pages (son principal défaut), nous offre une voix étonnamment prochaine, où la douce tristesse de l’exilé se transfigure de belle manière en une méditation sur le vin et le temps. Quant à Nuit de noces, il s’agit d’un numéro de la revue de luxe Dragée haute, où l’on retrouve cinquante collages « illustrés » par des textes de Noël Arnaud. Empruntant aussi à Dada et à ses suites, cette production distille un humour noir de bon aloi, à quelques centimètres du délire.
Poussière et autres matières
La po, la popo, la poésie, est aimée autant que tournée en dérision par Raymond Queneau dans un Art poétique déjà loin. En fait, personne n’est vraiment contre, mais très peu s’en préoccupent si elle n’est pas associée à un autre moyen d’expression, tels cinéma, théâtre ou chanson.
Il s’en publie pourtant de façon intarissable et chez un nombre constant d’éditeurs qui, faisant un peu figure de missionnaires, diffusent les carnets de ces veilleurs dont on aurait tort de se priver : pour le supplément de possibilités qu’ils apportent, pour l’ouverture du sens et de la perception qu’ils accumulent.
Qu’en reste-t-il, au terme de chaque saison littéraire ? Et qu’en est-il de cette partie de la production que personne, à peu de chose près, n’aura eu le temps de lire, le lectorat se concentrant sur quelques titres plus frappants ? Des poussières, mais des poussières aussi intéressantes que les vestiges qui s’offrent aux yeux de l’archéologue. Car il s’agit des débris de nos aspirations superflues, à la fois inutiles et essentielles.
Livres mentionnés dans l’article :
La marche de l’aveugle sans son chien, par Normand de Bellefeuille, Québec Amérique, Montréal, 1999, 115 p. ; 14,95 $ ; Lithochronos ou Le premier vol de la pierre, par Andrée Christensen et Jacques Flamand, Le Vermillon, Ottawa, 1999, 99 p. ; 15 $ ; Rêve de Pierre, par Madeleine Gagnon, VLB, Montréal, 1999, 173 p. ; 16,95 $ ; Périphéries, par Paul Bélanger, Le Noroît, Montréal, 1999, 122 p. ; 16,95 $ ; L’abécédaire des robots, par Alexis Lefrançois et Jacques Thisdel, Les heures bleues, Montréal, 1999, n.p. ; 19,95 $ ; Graffites ou le rasoir d’Occam, par Pierre DesRuisseaux, l’Hexagone, Montréal, 1999, 65 p. ; 13,95 $ ; Le miroir des mots, par Robert Giroux, Triptyque, Montréal, 1999, n.p. ; 15 $. Œuvres complètes tome II : Explorations, par Renaud Longchamps, Éditions Trois-Pistoles, Trois-Pistoles, 1999, 327 p. ; 32,95 $ ; Studio Réalité, par Claude Pélieu, Le castor astral / Les Écrits des Forges, Bordeaux / Trois-Rivières, 1999, 171 p. ; Pièces à conviction, par J.R. Léveillé, Ink inc., Saint-Boniface, 1999, n.p. ; La voix de Carla, par Élise Turcotte, Leméac, Montréal, 1999, 93 p. ; 14,95 $. ; Le lever du récit, par Élisabeth Vonarburg, Les Herbes rouges, Montréal, 1999, 49 p. ; 12,95 $. ; Anastasie ou La mémoire des forêts, par Sylvie Nicolas, Le Loup de gouttière, Québec, 1999, 91 p. ; 9,95 $ ; Lettres douces à mes adolescentes, par Louise de Gonzague Pelletier, Humanitas, 1999, 65 p. ; 8 $ ; Fracture, double, par Ghislaine Pesant, Varia, Montréal, 1999, 68 p. ; 12,95 $ ; Le cœur en orbite, par Mitsiko Miller, Planète rebelle, Montréal, 1999, 93 p. ; 16,95 $ ; À la mauvaise herbe, par Myriam Legault, Prise de parole, Sudbury, 1999, 63 p. ; 12 $ ; Le vert est fragile, par Andrea Moorhead, Écrits des Forges / Autres temps, Trois-Rivières / Marseille, 1999, 93 p. ; 10 $ ; Couvre-feu, par Fabienne Roitel, Lanctôt éditeur, Outremont, 1999, 95 p. ; 14,95 $ ; L’éveil de Lodela, par Marc Arseneau, Perce-neige, Moncton, 1998, 72 p. ; 9,95 $ ; Survivant de la pleine lune, par Michel Blouin, Écrits des Hautes-Terres, Ripon, 79 p. ; 15 $ ; Une lettre de granite, suivi de Couleur : corail, par Michel Forgues, Trait d’union, Montréal, 1999, 112 p. ; 19,95 $ ; Ce que le vin sait de nous, par Jan Skácel, La lettre volée, Bruxelles, 1998, 36 p ; La nuit de noces, par Noël Arnaud et Gilles Brenta, Dragée haute, n° 38, Penne-du-Tarn, oct. 1999.
EXTRAITS
« et la grimace, enfin, du crâne
de cette belle
qui, patiente pourtant
tout là-haut
nous rappelle
à chaque enjambée
l’accablante fréquence du malheur. »
Normand de Bellefeuille, La marche de l’aveugle sans son chien, p. 106.
« Si l’oiseau est pierre
la pierre oiseau
peut-être n’es-tu
que la migration
de la pierre
en moi »
Jacques Flamand, Lithochronos ou Le premier vol de la pierre, p. 23.
« Les fables
d’abord
mamelonnées
Se délivrent
les unes
à la suite
des autres
Déprises
des stèles
granulaires »
Madeleine Gagnon, Rêve de pierre, p. 164.
« écouter en guise d’amour
ce vaste silence matinal
pour recueillir la plage tranquille
comme un lointain fantasme
de nous-mêmes »
Pierre DesRuisseaux, Graffites ou Le rasoir d’Occam, p. 23.
« Jardin des Délices & des Supplices
la Soupe Populaire de Father O’Hara
« Padre que votre cassoulet pourri
& vos choux-fleurs à la merde soient bénis »
Claude Pélieu, Studio Réalité, p. 113.
« avec le moins de pensées claires
toucher les fibres de la force
traquer l’insistante blancheur
une histoire
mine de riens »
Élisabeth Vonarburg, Le lever du récit, p. 49.
« pour que l’autoroute électronique
se courcircuite
entre les cuisses des nourrices
qui branchent les génies dès la première tétée »
Sylvie Nicolas, Anastasie ou La mémoire des forêts, p. 23.
« reste le visage
avant que la pluie ne cesse
reste cette eau
terne et bleue
où les veines remontent »
Andrea Moorhead, Le vert est fragile, p. 28.
« Laisse-moi seulement t’offrir cet alphabet que j’ai
peut-être rêvé
Dans le sillage de cette nuit près de toi. »
Fabienne Roitel, Couvre-feu, p. 25.
« in the chinese kitchen
il n’y a de chinois que la musique des silences
du contour de l’absence de nos silhouettes
in the milky light of the full moon of July »
Michel Forgues,
« Trinquons à la santé
et buvons en silence.
Nous ne dirons jamais
Ce que le vin sait de nous. »
Jan Skacel, Ce que le vin sait de nous, p. 18.