Un prétexte qui nous semble bien saugrenu pour un combat théologique d’une violence inouïe, et pourtant, la France a perdu le Brésil à cause de la guerre fratricide qui opposait les Protestants et les Catholiques.
Les langueurs moites du pays ont eu raison de l’installation des Français en Antarctique (nom d’époque). De toute manière, la France, associée à l’Espagne dans le but d’éradiquer la menace protestante, ne se souciait guère de conserver ses conquêtes en Amérique du Sud.
L’histoire est vraie, authentifiée par des écrits retrouvés de-ci de-là, mais totalement occultée des consciences collectives et, accessoirement, des manuels scolaires. Le roman est bon. Du moins, il contient les bons ingrédients : une histoire d’aventures et de rencontres avec les Indiens, une intrigue politique et une guerre religieuse saupoudrée d’une romance langoureuse, le tout rehaussé de descriptions relevées et d’un vocabulaire soutenu. Bref, le récit est classique à tel point que l’on subodore des lendemains hollywoodiens.
Peu importe. Au temps des découvertes, on envoyait les enfants orphelins (si possible) dans les colonies éloignées, car il était entendu qu’ils avaient le cerveau suffisamment souple pour apprendre les langues nouvelles. C’est ce qui arrive à Just et Colombe, deux jeunes héritiers d’un grand chevalier honni du Roi de France. Ils deviennent truchements pour le compte de la France sur cette terre du bout du monde, découverte par les Portugais bien avant 1501. Très vite, Colombe se découvre un intérêt et des liens d’un rare humanisme pour les Indiens Tupi et devient l’une des leurs. Ce qui engendre de longues pages dégoulinant de condescendance pour les premières tribus. Nulle bienveillance pourtant dans les chapitres sur les Chrétiens où la bataille fait rage. Les Catholiques français ont accueilli les Protestants genevois croyant que l’esprit de liberté et de saine controverse soufflerait sur la colonie.
Qui sème le vent, récolte le chaos : destruction annoncée des Tupi, départ des Français, établissement définitif des Portugais; cependant que la morale est sauve.