« Ma convalescence se poursuit, je crains qu’elle se poursuivra toute ma vie. J’appelle ma vie convalescence, par optimisme, mais elle pourrait très bien être phase terminale ou, plus simplement, état stationnaire ou, encore plus simplement, rien du tout. » Voilà comment Gabriel perçoit sa vie à l’été de ses quinze ans.
Pendant deux longs mois, dans le chalet au bord du lac, le jeune narrateur du Cahier d’été entreprend un projet longtemps caressé : écrire. Ce projet, croit-il, lui permettra de mieux se connaître et de mieux se comprendre. Tous les matins, après sa baignade matinale en solitaire, Gabriel est absorbé par l’histoire des trois personnages qu’il a imaginés. Exutoire à la confusion, le cahier à lui seul ne parvient pas à canaliser les humeurs changeantes du jeune narrateur ; de brèves mais intenses rencontres avec ses voisins, Hervé et Louis, lui font découvrir des émois inconnus. Il faudra le lent chapelet des rituels de l’été et de petits bonheurs quotidiens à préparer des repas, aider son père dans la construction d’un escalier de bois et, surtout, à observer la vivacité sereine de son jeune frère pour l’aider à se réconcilier avec lui-même. Mais, au bout du compte, c’est la lettre de son copain Porto qui le sortira de son sentiment de solitude.
My Lan To a écrit ce court récit autobiographique, qui comprend quelques superbes dessins de l’auteur, à dix-sept ans. Cette « confusion des sentiments » propre à l’adolescence est racontée avec une justesse incontestable. Mais, au-delà de cela, My Lan To a su traduire les tourments intérieurs de Gabriel dans un texte fort efficace. Loin du narcissisme un peu mièvre ou plaintif qu’on pourrait appréhender en abordant le récit d’un si jeune auteur, Cahier d’été révèle une « écriture ». My Lan To possède un vrai talent avec, de plus, le mérite de nous faire partager, de l’intérieur pourrait-on dire, les nombreuses vérités contradictoires de cet âge tourmenté qu’on lit le plus souvent sous la plume d’anciens adolescents.