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Auteur/autrice : Neal
Île de lumière par Silvia Pratt (inédit)
Le chaos
Est-il vrai que parmi les conjurations,
le vide resurgit chaque nuit ?Est-il vrai que sans cesse
le monde est appelé à renaître,
pour que nos yeux jouissent de chaque aurore ?Est-il vrai qu’au crépuscule
les habitants du Parnasse nous quittent,
pour que les étoiles dévoilent les rêves ?Est-il vrai que l’unique vigie
qui reste en éveil . . .Pour lire la suite, veuillez vous abonner. Déjà abonné(e) ? Connexion
Mexicanas : Écrivaines mexicaines
Depuis quelques années, les échanges culturels se sont intensifiés entre le Québec et le Mexique. Dans le domaine littéraire, plusieurs écrivains mexicains sont venus nous rendre visite (résidence, festival, rencontre internationale) et des éditeurs québécois ont publié quelques romans, recueils de poésie et de nouvelles créés chez eux.
La littérature mexicaine reste toutefois encore peu connue des lecteurs francophones. Bien sûr, les noms de Carlos Fuentes et d’Octavio Paz (Prix Nobel 1990) obtiennent, depuis le fameux boom de la littérature latino-américaine . . .
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Cap sur l’histoire par Hernán lara Zavala (inédit)
– Ce n’est pas vous, dit le militaire dans sa langue étrange, en comparant le visage du seul passager du compartiment avec la photographie sur le passeport.
– Pardon ? bégaya ce dernier en espagnol.
D’un air sévère, le militaire pointa le visage du passager de l’index, frappa trois fois le passeport du revers de sa main droite et secoua le doigt en signe de négation.
Le passager était nul autre que Manuel Mateos qui, l’air navré, leva les sourcils en montrant les paumes de ses mains et fit non de la tête : il . . .
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Un printemps torride par Marco Aurelio Carballo (inédit)
– Est-ce que c’est le film de Delon ? demandait une femme, derrière moi. Est-ce Téhéran 43 ? Elle avait un accent étranger et devait être jeune. Elle avait posé la question à un couple d’adolescents qui venait sûrement du quartier Portales. Discrètement, je me suis retourné. La femme à l’accent étranger observait la jeune fille de Portales, qui se tortilla, baragouina quelque chose et interrogea, à son tour, du regard, son compagnon ou son copain.
– Oui, oui, celui de Delon, insista la dame.
Elle devait être Américaine. Elle avait un air, de . . .
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Pedro Páramo de Juan Rulfo, ou les cinquante ans d’un roman à contre-courant
Roman de murmures réveillés par des murmures qui se réveillent. Roman de balbutiements haletants d’angoisses tissées entre les échos qui les entraînent de rumeurs dessinant l’image d’une étrange éternité qui s’empare peu à peu de notre perplexité au fil de la lecture.
En effet, ce sont bien des réactions de désarroi et de perplexité qui nous envahissent et qui sont à l’origine de la seule question qui, de page en page et à tout moment, nous fait errer entre le remords et le non-sens, ou entre une profonde . . .
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La région la plus transparente de l’air – Continuité et diversité dans la littérature mexicaine
Le Mexique est un pays complexe. Ses racines remontent à plus de trois mille ans. Les Européens arrivèrent, devinrent un bon jour américains, puis inventèrent la Nouvelle-Espagne (1521), qui allait de la moitié des États-Unis d’aujourd’hui jusqu’à l’actuelle Amérique centrale. Suivirent, selon les livres d’histoire de nos écoles, 300 ans d’obscurité.
Mais au cours de cette longue période, il y eut bien quelques romans (Carlos de Sigüenza y Góngora, 1645-1700) ; en outre, quelques écrivains du XIXe siècle écrivirent des récits dits . . .
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Dix morts par Xavier Villaurrutia (inédit)
À Ricardo de Alcázar
I
Quel symbole de l’existence
peut être plus beau que l’ivresse
de vivre toujours sans te voir
et de mourir devant tes yeux !
Cette conscience si lucide
d’aimer ce que nous ignorons
et d’attendre l’inattendu ;
cette glissade perpétuelle
c’est l’angoisse de concevoir
que pendant que je meurs j’existe.II
Si n’importe où on te rencontre,
au cœur de l’eau et sur la terre,
aussi bien dans l’air qui m’entoure,
dans l’embrasement assoiffé ;
et si partout tu te maintiens
dans la pensée auprès de moi,
dans la chaleur de mon haleine
et mélangée avec mon sang,
n’es-tu pas, Mort, dans mon esprit
l’eau, le vent, le feu, la poussière ?III
Si tu as des mains, qu’elles soient
d’un toucher délicat et doux,
à peine sensible quand l’on
pense que je suis endormi ;
et que ton regard me contemple
sans m’observer de telle sorte
qu’il n’y a rien qui m’embarrasse
ni ton frôlement ni tes yeux,
pour ne pas vivre le plaisir
ni la douleur avec toi, Mort.IV
À travers des chemins obscurs,
à travers des failles secrètes,
à travers des veines brumeuses
de troncs récemment abattus,
mes yeux tout fermés te regardent
pénétrer dans ma chambre sombre
afin de transformer ma peau
opaque, fébrile et changeante
en particules de diamant
pures, brillantes, éternelles.V
Je ne rêve pas pour que quand
tu viens patiente et alanguie,
pour que quand j’entends ta parole
douce qui s’étend en silences,
pour qu’en caressant le néant
qui encercle ton corps rigide,
pour que dans ta fragrance sombre
je puisse, au-delà du sommeil,
comprendre que je te possède,
ressentir qu’éveillé je meurs.IV
La trotteuse, aiguille aiguisée,
son cadran plein va parcourir,
tout entrera en cet instant
bref de l’espace véritable
qui vaste, singulier, profond,
dès ton passage va s’ouvrir
afin que le temps souverain
prolonge notre douce étreinte
et sera-t-il ainsi possible
de vivre même après la mort.VII
Dans le frôlement, le contact,
dans l’exaltation ineffable
de la caresse souveraine
qui mène sans détour à l’acte,
voici un accord mystérieux
du spasme toujours délirant
où un ciel comblé de lumière
et un enfer plein d’agonie
se fondent quand tu m’appartiens
et quand tu me prends sans délai.VIII
Même dans l’absence tu vis !
Car je t’aperçois dans le creux
d’une silhouette et dans l’écho
de la musique qui s’éloigne ;
parce qu’en ma propre salive
tu confonds ta saveur funèbre,
et en retour de tous mes biens
tu ne me lègues que la crainte
de trouver jusque dans le goût
le témoignage du néant.IX
Si je vais sans fin avec toi
et je te caresse et t’occulte ;
si je te nourris même au fond
de ma plus secrète blessure ;
si ma mort te donne la vie
et ma frénésie est ta joie,
quel sera-t-il, Mort, ton destin
quand je m’en irai du monde,
une fois notre nSud défait,
et tu devras laisser mon corps ?X
Sans succès tu menaces, Mort,
de taire d’un coup ma blessure
et de mettre fin à ma vie
avec quelque parole inerte.
Que puis-je donc penser de toi,
si dans mon angoisse loyale
il m’a fallu souiller l’attente ;
comme tu ne viens pas encore
pour satisfaire mon espoir
à chaque minute je meurs !Tezcatlipoca-ixquimilli, le dieu du châtiment
Xavier Villaurrutia (1903-1950) est l’un des plus grands poètes mexicains. Un des principaux prix littéraires du Mexique porte son nom et ses disciples se comptent toujours par dizaines.
Xavier Villaurrutia a publié trois recueils :
Reflejos (1926), Nostalgia de la muerte (1938) et Canto a la primavera(1948). Il a également écrit des pièces de théâtre, des textes en prose, des critiques littéraires. Le poème « Dix morts » ( « Décima muerte »), tiré du recueil Nostalgia de la muerte, est présenté ici pour la première fois dans son intégralité en français. À noter que Claude Beausoleil a déjà fait paraître une traduction de certains extraits du recueil Nostalgia de la muerte (Nostalgie de la mort, Écrits des Forges, 1992), où l’on retrouve quelques strophes du poème « Décima muerte », sous le titre « Dixième mort ».Vide ou infini ? – La poésie de Xavier Villaurrutia
Dans son livre Xavier Villaurrutia en persona y en obra, Octavio Paz affirme que la poésie de Xavier Villaurrutia ne peut être définie ni par l’unité de l’essence ni par la substance plurielle, mais plutôt par la dualité.
Pour Paz, on n’observe pas dans les poèmes de Villaurrutia de transmutation, mais une circulation entre opposés, comme entre des états frontaliers. Le concept d’entre-deux, comme chez Giorgio de Chirico, nous dit le poète, est celui qui définit le mieux la tentative . . .
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Québec – Mexique : Une américanité à reconstruire
D’une culture à l’autre, il arrive parfois que des perches se tendent, des regards se croisent, des appels soient entendus. Hasard des rencontres, coup de foudre, désir de connaître tous ces autres qui nous entourent, les élans ne manquent pas. Or, si tous les projets ainsi conçus sont certes de bon augure, ils restent trop souvent sans suite. Les textes rassemblés dans le présent numéro spécial de Nuit blanche sur la littérature mexicaine sont le fruit d’une de ces idées d’un soir, une idée qui s’est ensuite étoffée, ramifiée, pour enfin arriver à terme.
Il s’agit aussi, au-delà du strict panorama littéraire, d’une proposition sociale, culturelle, sur l’américanité, celle que le Québec partage avec ses colatins du Sud. Car au-delà des questions d’intégration, de domination, de sécurité, de dynamique de marché, de politiques économiques, de revendications nationales et identitaires, l’américanité se pose aussi en termes d’imaginaire. Et si les questions d’ordre politique et économique sont plutôt source de conflits et révélateurs d’une asymétrie qui va s’accroissant dans les Amériques, l’imaginaire américain, en revanche, paraît refléter davantage de convergences que de divergences. En outre, si la logique marchande tend certes à s’opposer à l’imaginaire, celui-ci existe par ailleurs au-delà et en dépit de cette logique. Il peut même parfois s’en nourrir : il devient alors militant. Mais au sein même de ce qui a longtemps caractérisé la littérature latino-américaine – le fantastique –, il y a aussi une lutte, et pas seulement une fuite, comme en témoigne avec éloquence la littérature mexicaine des dernières années. Le fantastique, en fait, ne cherche pas uniquement à aiguiser l’imagination, comme l’ambigu ne vise pas qu’à confondre. Le jeu tient un rôle important, certes, mais l’altération du réel peut avoir une autre finalité : celle de proposer non seulement un autre mode d’insertion dans le réel, mais aussi, et plus radicalement, un autre réel tout court. Non pas les choses elles-mêmes, mais le mouvement des choses ; non pas le rêve pour le rêve, mais comme moyen de lutter contre le chaos ; non pas l’absence dans le but d’éviter de voir, plutôt des anfractuosités creusées à même le réel, à partir desquelles affronter l’angoisse du vide. Car le rêve, comme le disait le grand écrivain uruguayen Juan Carlos Onetti, est la vie. Et comme la vie est brève, pour rester dans la sphère onettienne, seul le rêve, peut-être, pourra l’étirer et lui donner sa substance.
Rêver l’Amérique
L’imaginaire comme arme plutôt que comme fuite, voilà qui pourrait justement cimenter l’unité américaine, bien plus que nombre d’institutions et d’ententes. D’ailleurs cet imaginaire, il est remarquable de voir à quel point il se ressemble d’un bout à l’autre de cette Amérique. Pour qui s’intéresse à la littérature latino-américaine dans son ensemble, et mexicaine en particulier, force est de constater en effet entre nos cultures respectives le clin d’œil créé au fil des textes, la trame que l’un reprend là où l’autre l’a laissée, le terrain exploré à partir de ce qui, ailleurs, avait déjà été esquissé. Hasard, disions-nous. Mais aussi une réalité qu’on a trop tardé à mettre au jour. Le Mexique, le Québec, deux sensibilités tant modernes que soucieuses du passé, deux terres latines et autochtones, deux fois la même Amérique, sans oublier l’autre élément commun : le géant qui les sépare. Périphérie, par là même ; et qu’elle soit sociale, chronologique ou géographique, celle-ci a tendance à réunir les expressions culturelles, à les propulser vers un objectif commun : le droit à autre chose, le plaisir de joindre les différences en une commune différence.
Ce numéro spécial sur le Mexique propose des textes sur le roman, la nouvelle et la poésie du Mexique, écrits par des auteurs et des spécialistes tant québécois que mexicains, mais aussi des textes de fiction, traduits pour la première fois en français pour Nuit blanche. Autant de visions du Mexique que nous avons souhaité proposer ici au public québécois un peu en réponse à la série d’événements et de publications sur la littérature québécoise présentés au Mexique dans la foulée de la Foire du livre de Guadalajara de 2003, où le Québec était l’invité d’honneur. Modeste contribution sans doute, mais à notre avis nécessaire dans le cadre de ces Amériques où l’autre demeure encore trop souvent bien mal connu. Or, dans le chassé-croisé des langues espagnole et française, parmi les mille expressions de l’Amérique latine, ce sont, nous le disions, deux mondes étonnamment complémentaires qui viennent ainsi se retrouver. Les écritures sont multiples, certes, mais les visions qu’elles portent sont nettement convergentes. Et cette convergence – d’impressions, d’appréhensions –, voilà sans doute l’intérêt premier de cet exercice de rapprochement.
Les textes du présent numéro, témoins en ceci de la nouvelle littérature mexicaine dans son ensemble, parlent d’horizons à décloisonner, d’une autreté à conquérir, de nouveaux espaces à explorer – vision qui semble aujourd’hui habiter les auteurs québécois. Ainsi, les histoires que les uns comme les autres se plaisent à créer trouvent dans ce genre d’exercice une consécration inattendue : elles deviennent les mondes parallèles d’un monde parallèle au leur, elles s’offrent à l’imaginaire d’une société autre qui, nul doute, y trouvera des repères semblables, des impulsions communes, le même désir de dépasser l’immédiat, l’utile, le nécessaire.
Les écrivains mexicains d’aujourd’hui, sans tourner le dos au terroir, ont choisi de s’ouvrir davantage au monde. Ils sont de ceux qui assument leur périphérie avec bonheur, se disant sans doute que, de loin, la perspective est toujours meilleure. Ils n’ont pas coupé les liens avec leurs aînés : les Juan Rulfo, Octavio Paz, Carlos Fuentes, José Revueltas, sans compter, par-delà les frontières du Mexique, les Jorge Luis Borges, Julio Cortázar, Juan Carlos Onetti, Gabriel García Márquez, Mario Vargas Llosa, Alfredo Bryce Echenique, pour ne nommer que ceux-là. Mais s’il ne fait aucun doute qu’ils sentent une parenté étroite avec ces grands noms de la littérature latino-américaine, s’ils y retrouvent manifestement une vision riche et fébrile qui les habite tout autant, les écrivains mexicains reflètent également autre chose : une modernité nouvelle et unique, celle d’un pays qui évolue à une vitesse vertigineuse, dont la capitale, la plus grande ville du monde, est un formidable carrefour de l’universel, un bouillonnant laboratoire d’idées et d’images, tout en étant, paradoxalement, une périphérie.
Les lecteurs et auteurs québécois connaissent déjà les grands noms de la littérature latino-américaine. En lisant leurs œuvres, en s’en inspirant, ils ont été à la fois éblouis par l’éclat de l’autre et étonnés de découvrir un si fidèle reflet de leur propre parcours. Ce qu’on retrouve dans le présent numéro, outre ce miroir plus présent que jamais, c’est précisément une certaine périphérie. Nous parlions de périphérie sociale, chronologique, géographique. Il y en a une autre, qui est certes liée aux grands auteurs latino-américains, mais que la nouvelle génération d’auteurs mexicains, dans une sensibilité qui les rapproche étonnamment de leurs pairs québécois, semble explorer différemment, dans un nouvel équilibre entre le pragmatique et l’illusoire, entre le passé et le moderne. Je veux parler de la périphérie du réel, cette façon particulière de vivre le quotidien qui consiste à transcender le palpable, non par crainte d’appréhender le monde, mais bien, à travers le poétique, pour intervenir sur les choses mêmes.
Les littératures du Mexique et du Québec à l’heure de la mondialisation
La connaissance de l’autre exige un labeur constant, qui demande sans cesse à être alimenté. Ce numéro de Nuit blanche souhaite s’inscrire dans cette foulée. Mieux faire connaître le Mexique aux Québécois, ouvrir nos lecteurs à cette mouvance de l’imaginaire américain, dans le cadre plus global de la diversité culturelle, voilà l’objectif à la fois humble et terriblement ambitieux de ce survol. À la suite de la Foire de Guadalajara, beaucoup a été fait pour rapprocher le Québec du Mexique. Mais les choses étant éphémères, il faut constamment les relancer. Car il faut développer cette convergence pour éviter qu’elle ne se fige et, pour ce faire, on doit aller au-delà des stéréotypes, des différences mineures, des jugements rapides, des images trop éclatantes (en littérature, cela pourra même signifier de regarder au-delà des stars de l’écrit que peuvent être par exemple Rulfo, Fuentes, Paz) ; et enfin, par le fait même, dire non au voyeurisme, à l’exotisme, en se disant que si une chose n’est exotique qu’aux yeux de l’étranger, pourquoi ne pas simplement cesser d’être étranger, pour apprendre à mieux connaître, à cerner nos convergences plutôt que nos écarts.
Bien sûr à Guadalajara, plusieurs anthologies bilingues ont été présentées, plusieurs projets de traduction sont nés. Cela est fort bien et il nous faut espérer que de nombreux autres projets de traduction verront ainsi le jour dans l’avenir. Mais cela étant, la chose n’est pas sans danger. En effet, aussi positifs que soient ces projets de traduction, plus ils sont nombreux, plus ils risquent d’être déviés de leur objectif initial, pour servir des fins politiques ou commerciales. L’important est donc non seulement de lutter pour le rapprochement des peuples avec notre arme de prédilection qu’est la littérature, mais également de nous assurer que les projets de traduction d’un peuple à l’autre sont guidés par une logique fondée sur la culture, le respect des différences, la recherche de convergences, l’ouverture à l’autre, le caractère libérateur de la littérature, plutôt que le strict commerce ; et surtout qu’ils sont conçus, adoptés et menés à terme de façon libre et indépendante, et non en vertu des desiderata des politiques, fussent-ils issus du monde culturel, et des marchands.
N’est-ce pas là, au milieu des débats économiques, des luttes politiques, des signatures d’ententes, un projet qui pourrait contribuer à réunir les peuples des Amériques, tant les périphériques que les centraux, en mettant pour une fois au cœur de l’aventure les créateurs et autres défenseurs de la diversité culturelle ? Comme le proposent à leur façon les quatre textes de fond et les quatre textes de fiction (deux nouvelles et deux extraits de poème, tous inédits en français) de ce numéro spécial, il faudra bien entendu pour ce faire miser sur le flou, l’oblique, l’incertain, bref tout ce que les écrivains latino-américains ont si bien su construire et déconstruire au fil de leurs œuvres. Et cela est fort bien ainsi. Car si avec Onetti nous proposions de miser sur le mouvement des choses plutôt que sur les choses elles-mêmes, approche en somme bien proche de la phénoménologie telle que vue et corrigée par les Latino-Américains, nous pourrions donner ainsi à la littérature la noble place qu’elle mérite, et considérer que dans un monde globalisé il est plus important de se pencher sur le mouvement entre les cultures que sur les cultures elles-mêmes vues dans quelque illusoire absolu. Cela non pas au détriment des cultures, bien sûr, car en fait étudier le mouvement entre les cultures est sans doute le meilleur moyen de les percevoir dans leur essence (ce qui n’est pas la même chose que l’absolu, c’en est en fait le contraire).
Traduire l’autre
Notons enfin l’importance qu’a revêtue dans ce numéro spécial le travail de traduction. Bon nombre des textes présentés avaient en effet comme langue d’origine l’espagnol (tous les textes de fiction, certains des textes de fond). Or la traduction, ultime étape de ce jeu de miroirs, est bien plus que l’outil par lequel on découvre l’autre. La traduction, elle aussi – ce qui n’est pas sans l’apparenter à l’imaginaire mexicain lui-même –, est une forme de périphérie : on s’approche de l’autre sans le heurter, on l’explore sans le dénuder, on le touche en évitant de l’altérer. Fruit d’une attirance, qui la porte tout au long de son cours, la traduction recherche l’effet par-delà même le sens, elle écoute quelqu’un avant de prêter attention aux mots. Et elle est aussi joueuse, la traduction, plus fidèle au mouvement, aux failles et aux tensions qu’à l’apparence, et séduite, presque en secret, par cette fragilité imprévisible et éthérée : l’ambiguïté (Mexique, disions-nous ?). Elle y vit et s’y complaît, s’en nourrit et l’alimente, et forcément la cherche plus que ne la fuit. Or, c’est bien là sa destinée, car non seulement l’ambiguïté se situe tout au cœur de ce trouble fébrile qu’est le passage d’une langue à une autre, mais c’est dans la reproduction même de l’ambiguïté que le traducteur s’approche véritablement de l’auteur. Sans compter que traduire l’ambigu, visiter les creux du texte, s’intéresser au mouvement des choses plus qu’aux choses elles-mêmes, c’est bien sûr contourner l’essence, mais pour mieux la saisir et l’exprimer.
Un survol de la littérature mexicaine, grâce au jeu de la traduction, c’est donc un double jeu, et c’est avec grand plaisir que je vous y convie.
Xipe-Totec, notre seigneur l’écorché
Louis Jolicœur est écrivain, traducteur et professeur au programme de traduction à l’Université Laval depuis 1994.
Jean Prévost (1901-1944)
« Dans cent ans, deux cents ans, il peut venir devant ce livre un copain qui aime les sports, la vie de l’esprit, les phrases bien serrées ; celui-là pensera à moi comme tu y penses. »
Jean Prévost, La chasse du matin.Auteur d’une bonne trentaine de livres, principalement des romans et des essais, Jean Prévost (1901-1944) a été tué quelques jours avant la Libération. Injustement oublié, Prévost est réapparu dans l’actualité littéraire en 1994 à la faveur de la . . .
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Lire Le comte de Monte Cristo, mais de qui ?
Je n’ai jamais lu Le comte de Monte Cristo. Et contrairement à la plupart de ceux qui ont contribué jusqu’ici à la présente rubrique, ce n’est ni par manque de temps, ni par procrastination, ni en raison de singuliers concours de circonstances. C’est en vertu d’une certaine répugnance.
Non pas que l’histoire ne m’attire pas ! Jamais récit de vengeance ne m’a paru aussi « tripatif » ; c’est d’ailleurs avec grand intérêt – et sans trop y penser – que j’ai vu de grands bouts . . .
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Le testament politique de Fidel Castro
Soyons réalistes : le livre Fidel Castro, Biographie à deux voix1 est un monstre. 700 pages d’entrevues serrées menées par l’un des meilleurs journalistes de notre époque, Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique.
Ledit monstre a d’abord été publié en espagnol en 2006 (en deux éditions) sous le titre Cien Horas con Fidel, avant d’être traduit en français et édité chez Fayard et Galilée au printemps 2007. Une . . .
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Venise et l’Orient : Une histoire millénaire
Alors qu’aujourd’hui, les radicalismes religieux et militants semblent creuser un irréductible fossé entre l’Occident et les pays musulmans, une exposition se tient presque à nos portes qui nous rappelle qu’entre le IXe et le XVIIIe siècle, des échanges soutenus et fructueux se faisaient entre ces deux mondes, grâce aux bons offices des marchands vénitiens. Ce sont quelques vestiges de cette brillante époque qu’on présente du 28 mars au 7 juillet 2007 au Metropolitan Museum of Art de New York.
Organisée par le Metropolitan et l’Institut du monde arabe de Paris, l’exposition Venise et l’Orient était présentée à Paris, l’automne dernier. L’événement ayant donné lieu à la publication chez Gallimard1 d’un ouvrage explicatif, nous pouvons en présenter un aperçu aux lecteurs de Nuit blanche.
Une exposition qui ratisse large
Quelque 250 objets – peintures, tissus et tapis, verreries, céramiques, orfèvreries, documents anciens – provenant des collections vénitiennes et de certains des plus grands musées du monde composent l’itinéraire de cette exposition. On l’aura deviné, nous sommes ici dans le grand luxe. Ces coffres merveilleusement ouvragés, ces objets de métal ciselés, ces tissus d’une grande finesse et ces remarquables pièces de verrerie témoignent en effet du rang élevé de leurs possesseurs et d’un art de vivre d’un grand raffinement.
La rétrospective s’ouvre sur un tableau emblématique intitulé Réception des ambassadeurs vénitiens à Damas. Y sont représentés les membres d’une délégation vénitienne présentant leurs lettres de créances à des dignitaires orientaux. D’entrée de jeu, cette œuvre rappelle aux visiteurs que les Vénitiens ont été les seuls Méditerranéens du Nord à entretenir des rapports privilégiés avec les dynasties du Proche-Orient et à tisser des liens solides avec Le Caire, Damas et Byzance – Constantinople –, et ce, pendant des siècles.
L’exposition couvre plusieurs siècles, depuis l’arrivée à Venise, en 828, de la dépouille de l’évangéliste saint Marc jusqu’à l’entrée de l’armée napoléonienne dans ses murs, en 1797. Forte de ses succès commerciaux, Venise commence à se couvrir de palais, à se parer de tapis d’Orient, de soieries, de brocarts et de velours dès la fin du XIIIe siècle. Toutefois la majorité des objets présentés dans l’exposition remontent à la période la plus féconde des relations de Venise avec l’Orient, soit la période qui va du XIVe au XVIIe siècle. On ne s’étonnera donc pas d’y voir présentées beaucoup de pièces de verre et de faïence, Venise fabriquant le nec plus ultra de l’époque.
À travers le commerce des objets se fait également la transmission, de l’Orient vers Venise, des savoirs, des techniques et des modes de vie. Si bien que dès le XVIe siècle, la République vénitienne exporte à son tour des objets de luxe à décoration d’influence islamique vers les grandes capitales d’Orient. Pour certains de ces objets, la question de leur origine continue d’ailleurs à se poser tellement les sensibilités orientales et occidentales se sont intimement amalgamées au fil du temps.
En choisissant un thème aussi vaste, les organisateurs de l’exposition Venise et l’Orient n’ont certes pas péché par manque d’ambition. Dans cette masse d’objets hétéroclites, le visiteur trouvera-t-il un fil conducteur pour nourrir son esprit ? Peu importe au fond s’il trouve ou non ce fil. Il aura eu la chance de contempler des objets d’une suprême élégance, exécutés avec une très grande habileté.
Un catalogue doublé d’un essai
Le livre publié pour l’occasion par Gallimard fait plus que reproduire les notes du catalogue de l’exposition. Une vingtaine de spécialistes présentent à la fois une vue d’ensemble des rapports entre Venise et l’Orient pour la période couverte par l’exposition et une analyse fine des emprunts stylistiques faits au monde oriental par les artisans vénitiens.
Une première partie rappelle le contexte culturel et historique dans lequel se sont développées les relations entre la Sérénissime et les pays musulmans. Nulle part mieux que dans cette section ne se trouve illustré l’objectif de l’exposition, « mettre en lumière la singularité de l’approche vénitienne et sa compréhension d’un monde trop souvent perçu comme ‘l’Autre’ ».
Des spécialistes nous rappellent le pragmatisme qui a présidé à l’instauration et au développement des relations entre Venise et les pays islamistes. On s’attache également à analyser l’impact de ces relations sur les techniques de traitement de certains matériaux utilisés pour la fabrication d’objets de luxe.
Cet aspect particulier du travail de la matière, plus pointu, forcément, fait l’objet de la seconde partie du livre. Les auteurs font le point sur les techniques et les procédés utilisés pour réaliser des objets comme ceux qui sont présentés à l’exposition. Tout à fait accessible au non-connaisseur en dépit de son niveau de spécialisation et parfois de technicité, cette section présente une cohérence dans le traitement des contenus qui manquait à la première partie.
Enfin, la troisième section de l’ouvrage regroupe toutes les notes du catalogue des pièces exposées. Bien que traitée comme un appendice aux deux précédentes parties (typographie lilliputienne, iconographie chiche, texte pléthorique), elle nous a paru la section la plus intéressante.
Outre les informations habituelles sur la nature de l’objet, son matériau, les techniques de fabrication et la datation, on y trouve une mine de renseignements sur son usage, les mSurs et les traditions de l’époque à laquelle il se rattache de même que sur l’influence orientale dont il est le reflet. Passionnante, jamais assommante, un rien pédante parfois, cette partie du livre en justifierait l’achat à elle seule.
Ouvrage d’une grande qualité dans sa facture (richesse de l’iconographie, qualité des reproductions, solidité de la reliure), Venise et l’Orient souffre pourtant d’étonnantes lacunes éditoriales. Outre le fait que la première partie du livre arrive péniblement à transmettre son message à cause des nombreuses redites d’un texte à l’autre, il faut également déplorer une profusion de fautes, de coquilles typographiques, de notes de renvoi caduques, tout à fait indigne de la maison que l’on sait à l’origine de La Pléiade.
1. Collectif, Venise et l’Orient, 828-1797, Gallimard, Paris, 2006, 372 p. ; 115 $.
Camus, L’homme révolté
On connaît tous la fin tragique et absurde d’Albert Camus, alors qu’il n’avait que 46 ans. Arthur Koestler, pour ouvrir son Testament espagnol (1939), citait André Malraux : « […] Une vie ne vaut rien mais rien ne vaut une vie ». L’ouvrage que Pierre-Louis Rey1 nous offre ici présente une vie curieusement exemplaire…
Né le 7 novembre 1913 à Mondovi, en Algérie, Albert Camus connaîtra une enfance « placée à mi-distance du soleil et de la misère ». Jeune adolescent, c’est le football qui va le passionner. On décèlera, dès 1930, les premiers symptômes de la tuberculose. Cette maladie aura une influence déterminante sur la vie et les écrits de Camus. Il sera, en effet, constamment tiraillé entre une passion de vivre et une menace de mort. D’où la notion d’absurde et de révolte qui vont prédominer dans son œuvre. En ce qui concerne ses études, il va rapidement entrer au lycée d’Alger grâce à Louis Germain, un instituteur qui l’a remarqué. C’est la grande bibliothèque de son oncle Acault qui l’amènera à la culture venue de la « métropole » : Balzac, Dumas, Verne, Montherlant et Malraux vont l’émerveiller et Gide le décevoir avant qu’il ne découvre Les nourritures terrestres (1897). Le philosophe et essayiste Jean Grenier va grandement aider Camus à cheminer tant comme intellectuel que comme créateur. Camus s’intéressera d’abord au théâtre ; il participe à la création d’un texte collectif, Révolte dans les Asturies, portant sur les événements ayant précédé la guerre civile espagnole qui surviendra en 1936. I1 sera également acteur et metteur en scène – il montera, entre autres, le Prométhée enchaîné d’Eschyle. C’est en mai 1937 que paraîtra son premier « vrai » livre, L’envers et l’endroit. L’étranger sera mis en chantier en 1938, et Camus deviendra, en même temps, rédacteur du journal Alger républicain qui dénoncera l’arbitraire de l’administration coloniale en Kabilie : il va ainsi pratiquer un « journalisme critique ». Noces, dans lequel il évoque une fusion de la nature, de l’histoire et des mythes, sera publié en 1939. Dans cet ouvrage, c’est la nature qui semble porter en elle les enseignements les plus significatifs pour l’être humain.
Paris, 1940. Camus entre au journal Paris-Soir. Il trouve la « capitale » sale et désolante, mais c’est là qu’il va y faire des rencontres déterminantes grâce à la publication de L’étranger en mai 1942 chez Gallimard : c’est cette œuvre qui va le consacrer « écrivain de l’absurde ». Il finalisera également Le mythe de Sisyphe (1942) et la pièce de théâtre Caligula (1944) : ce seront les « trois absurdes ». Une des idées-forces de ces ouvrages est que la création sous toutes ses formes peut donner un « sens » à notre destin. C’est aussi en 1943 qu’il sera engagé comme lecteur chez Gallimard. Pendant les années noires de l’Occupation, Camus va concevoir – se sentant en « exil » dans cette métropole occupée – ce qui deviendra le grand texte qu’est La peste, cette « chronique » fictive présentée sous forme de récit. C’est après le succès de ce dernier roman publié en 1947 – qu’on a pu, avec raison, considérer comme un « miroir » des temps difficiles propres au deuxième conflit mondial ou de n’importe quelles « forces du mal »… -, alors qu’il est éditorialiste au journal Combat, qu’il sera le plus actif. C’est en 1943 qu’il rencontre Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir à Paris, à la générale des Mouches. Ce qui le mettra en contact avec l’intelligentsia parisienne comprenant autant des intellectuels que des artistes : Aragon, Elsa Triolet, Francis Ponge, Arthur Koestler, Picasso, Lacan… Et il va, on le sait, participer à ses houleux débats. On pense aux affrontements somme toute stériles entre les « existentialistes » et les « non-existentialistes », à la rupture, plus sérieuse, entre Camus et Sartre lors de la parution de L’homme révolté en 1951, qui a suscité une vague d’articles hostiles dans la presse de gauche : ce « livre d’espoir » en deviendra un de haine… Il sera suivi en 1956 de La chute, un des derniers récits très remarqués de Camus.
L’homme révolté met en relation le sentiment de 1’absurde et la nécessité de la révolte. Celle-ci peut rendre sa dignité à l’être humain – en dénonçant, par exemple, la terreur propagée par les régimes dits « révolutionnaires » -, et légitime hautement l’esthétique qui s’instaure contre toutes formes d’asservissement ou de conformisme. L’art est, à tout le moins, une manière d’être au monde… dans une « terrible époque » sans réelle morale. Ne pensons qu’à la sinistre guerre d’Algérie qui sévissait alors.
C’est un Albert Camus amer qui recevra le prix Nobel en 1957. On raconte qu’on lui aurait signifié que son œuvre était derrière lui, qu’il faisait partie du clan des « bourgeois » depuis les coups portés par André Breton, Sartre et Francis Jeanson représentant l’équipe des Temps modernes et l’intelligentsia de gauche. Il va, de plus en plus, se réfugier à Lourmarin afin de fuir les mesquineries de cette intelligentsia parisienne et mettre en forme Le premier homme qui ne sera publié qu’en 1994. C’est le 4 janvier 1960, alors qu’il quitte Lourmarin pour Paris dans la voiture de Michel Gallimard, que l’étrange accident va se produire…
1. Pierre-Louis Rey, Camus, L’homme révolté, Gallimard, Paris, 2006, 127p. ; 24,95 $.
Vient de paraître :
Jean Daniel, Avec Camus, Comment résister à l’air du temps, Gallimard, Paris, 2006, 158 p. ; 16,50 $.Joël Pourbaix : Un inachèvement initiatique (entrevue)
Voyages extérieur et intérieur se confondent dans cette œuvre poétique amorcée en 1980. Une absence qui brille, aurait-on envie de dire à propos de son auteur.
Bien qu’il soit né à Montréal, j’ai une fâcheuse tendance à percevoir le poète Joël Pourbaix comme un étranger, comme un anachorète égaré entre Moyen Âge et postmodernité. Ni tout à fait moine, ni entièrement beatnik, il demeure l’aventurier fragile de la conscience pour qui le paysage est une manifestation singulière de l’invisible, et pour qui le voyage . . .
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Jean Schlumberger (1877-1968)
Ni le Grand Prix de littérature de l’Académie (1942) ni le Grand Prix national des lettres (1955) n’ont suffi à assurer à Jean Schlumberger une place dans l’histoire de la littérature, une place que lui-même n’aura pas disputée très âprement. La vanité l’indispose.
S’il existe un type du bon deuxième, Jean Schlumberger le représente assez bien, installé, dirait-on, à l’ombre des grands, dont André Gide, au premier chef, l’ami de longue date avec qui, en compagnie de quelques autres (dont Jacques Copeau et . . .
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Voir grand : Maurice Richard, le hockey et la nation
Véritable symbole populaire, grand héros sportif, Maurice Richard a suscité, toute sa vie durant et depuis sa mort, un engouement jamais démenti. Les biographies s’accumulent, tant en français qu’en anglais, les livres hommages aussi, de même que les albums souvenirs et les films. Dans cette panoplie de titres, deux nouveaux bouquins se proposent d’analyser le mythe Maurice Richard, une façon d’affirmer que le hockey est intimement lié au discours national.
Les yeux de Maurice Richard1 de Benoît Melançon et
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Renaud Longchamps, visionnaire éclairé (entrevue)
Passions, Explorations, Évolutions, Générations, Propositions, Décimations, Babelle Dès la lecture des titres, on saisit d’emblée la cohérence de la pensée et la permanence de la démarche poétique de Renaud Longchamps dont les œuvres complètes continuent de paraître avec la régularité du métronome en éditions revues et corrigées, rétives à l’occultation dont elles font l’objet depuis des années.
En quatrième de couverture de Propositions . . .
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Le conservatisme québécois de Lucien Bouchard
L’arrivée de Lucien Bouchard* à la direction du Parti québécois en avait surpris plusieurs. Certainement, l’homme s’était démarqué parmi les leaders souverainistes depuis sa démission du gouvernement fédéral en 1990, au point d’éclipser le chef péquiste Jacques Parizeau comme représentant presque officiel du camp du OUI au moment de la campagne référendaire de 1995.
Le négociateur en chef pouvait bien disposer de la sympathie d’une majorité de Québécois, même de souverainistes ; il n’en demeurait pas moins réput . . .
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Billet d’humeur (La désobéissance civile de Henry David Thoreau)
Voilà, je vous le dis d’entrée de jeu : je n’ai jamais lu Nelligan !
Mais non, je plaisante. J’imagine le scandale d’ici, Pouliot n’a jamais lu Nelligan, Pouliot n’a jamais lu Nelligan. Les nerfs ! Déjà au secondaire, j’avais flirté avec les poèmes de ce grand ado mélancolique, en plein complexe d’Œdipe. Je ne me rappelle plus quel prof zélé nous avait fait lire le « Vaisseau d’or », mais disons qu’il n’avait pas réveillé de grandes passions dans la classe. Faut dire qu’à cette époque, on . . .
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Pierre Caron : La naissance d’une nation
Ampleur de la vision et souci du détail font, chez Pierre Caron, excellent ménage. À raconter un siècle, la tentation était pourtant menaçante de se permettre de légitimes et paresseux raccourcis. Quand, de surcroît, le siècle qu’on ressuscite a pris fin en même temps que le Régime français au Québec, un certain flou aurait été excusable. Après tout, noms et coutumes ont pu fluctuer, tant à propos des personnes que des lieux.
Aux yeux de l’auteur, de telles excuses ne tiennent pas la route. Il manifeste . . .
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Margaret Atwood
Grand prix littéraire Metropolis bleu 2007
De nos jours, le mythe est en train de devenir une constante majeure de notre quotidienneté, une composante de notre culture, de notre vie, hantant de plus en plus notre imaginaire. Le dernier livre de Margaret Atwood, L’Odyssée de Pénélope1, en témoigne.
Dans les pages bouleversantes de cette prose poétique si limpide, la grande romancière canadienne semble illustrer, rejoignant les goûts littéraires de . . .
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Je n’ai pas lu Ainsi parla l’oncle de Jean Price-Mars
Je n’ai pas lu Ainsi parla l’oncle de Jean Price-Mars. Plus qu’un aveu, c’est une imprudence de le dire, car plusieurs vont me montrer du doigt. Je les entends déjà, feignant l’indignation et se composant des têtes d’outragés. Mais je suis presque certain qu’ils ne sont pas nombreux à l’avoir lu, même si tout le monde en parle comme si tout le monde l’avait lu.
Ce qui fait d’ailleurs un destin troublant à ce livre-phare qui . . .
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Jean Meckert (1910-1995)
Les amateurs de roman noir, qui le connaissent sous le nom de Jean (ou John) Amila, voient en lui un pionnier du néo-polar français, à qui les Jean-Patrick Manchette, Pierre Siniac et Didier Daeninckx doivent beaucoup. D’abord publié dans la collection « Blanche » de Gallimard avant d’entrer à la Série Noire, Jean Meckert (1910-1995) a laissé une œuvre romanesque considérable et longtemps restée introuvable, mais que les éditions Joëlle Losfeld remettent enfin en circulation.
Animé d’un antimilitarisme ferme et de penchants libertaires, Meckert a construit un univers narratif compos . . .
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André Ricard, l’exigence (entrevue)
« Enfant, j’étais fasciné d’entendre parler les gens, les propos rapides qui s’échangeaient, à peine devinés, les voix. » La fascination pour la parole, donnée première sans laquelle il ne peut y avoir de création littéraire, n’a cessé d’habiter André Ricard dès le moment où il s’est engagé dans cette voie.
D’abord les mots comme sons, dans leur agencement, leur rythme, leur timbre, leurs harmoniques, les registres auxquels ils appartiennent. Depuis la première pièce jouée, Alcide Ier, jusqu’aux . . .
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