Fred A. Reed est originaire des États-Unis et habite au Québec depuis 1963. Spécialiste du Moyen-Orient, il a publié sept livres dont Images brisées est le premier à être traduit en français. Au début de son ouvrage, il affirme : « Mon idée initiale était de suivre la trace de l’iconoclasme depuis ses violents débuts jusqu’à ses derniers vestiges théoriques actuels. Mais alors que je m’apprêtais à écrire, la réalité a rattrapé mon paisible projet d’une façon fracassante et brutale ».
En effet, « [d]urant l’été 2001, le mouvement des talibans – alors maître de l’Afghanistan – fit détruire les immenses statues des bouddhas de Bamiyan. […] Les bouddhas tombèrent dans un tourbillon de poussière, complétant ainsi le travail qu’avaient entamé les troupes britanniques qui les avaient utilisés comme cible d’entraînement plus de cent vingt-cinq ans plus tôt ».
Cette destruction de sculptures associées au bouddhisme, exécutée par les talibans, constituait un rappel troublant du dogme professé par les iconoclastes chrétiens de l’Empire byzantin, il y a douze siècles. Leur lutte d’alors contre les images religieuses et les idoles a provoqué la destruction massive d’icônes, accusées de prétendre incarner le Christ et d’autres figures religieuses. « Les images étaient cassées, brûlées, repeintes et exposées à de nombreuses insultes […]. Beaucoup d’adorateurs d’images ont été exécutés, torturés ou emprisonnés. » « Pendant plus d’un siècle, de 717 à 867, une dynastie iconoclaste a dominé à Constantinople. »
Dans son essai, Fred A. Reed ne se limite pas à rendre compte de la période iconoclaste. Il invite le lecteur à l’accompagner dans la quête d’informations qu’il a menée au Moyen-Orient. Au passage, il livre de nombreuses données historiques et religieuses. Il est notamment question du mandat français sur la Syrie, du mandat britannique sur la Palestine, de l’impérialisme américain dans la région, du « règne » du président Hafez al-Assad en Syrie, du mouvement baassiste, du conflit israélo-palestinien, des sectes druze et alaouite, de l’Empire omeyyade. Toutes ces références, et bien d’autres, soutiennent l’intérêt et font de la lecture d’Images brisées un voyage fascinant dans l’espace et le temps.