James Patterson est au thriller ce que les éditions Harlequin sont au roman d’amour : une recette pas très complexe, néanmoins infaillible, qui séduit des millions de lecteurs à travers le monde. Deux films, avec Morgan Freeman en tête d’affiche, ont même été inspirés de ses romans Le masque de l’araignée et Et tombent les filles dans les années 1990. Le premier contact avec Une nuit de trop est plutôt décevant, l’illustration de la page couverture, un badge de policier et un rouge à lèvres rouge, relevant du kitsch. Mais la lecture se fait très facilement ; les rebondissements s’enchaînent les uns après les autres comme une pluie de petits drames qui s’accumulent sur les personnages. Ceux-ci se sortent toujours du pétrin dans des circonstances un peu tirées par les cheveux, ce qui affaiblit la vraisemblance du récit. Malgré tout, Une nuit de trop tient son lecteur en haleine et le surprend jusqu’aux dernières lignes. Patterson nous présente une anti-enquête avec une touche d’originalité puisque Lauren, l’inspectrice à laquelle l’affaire a été attribuée, cherche à saboter les preuves du meurtre de son amant pour protéger son mari, l’assassin, qui ignore les efforts déployés par sa femme pour l’empêcher de se faire inculper. Étant donné que Lauren a été témoin de l’acte criminel, les données et l’ordre naturel de l’enquête s’inversent et les dilemmes moraux du personnage principal se multiplient.
Les romans policiers n’ont plus aucun secret pour James Patterson ; il manie avec aisance les retournements de situation et le côté technique d’une enquête. Bien qu’il soit l’un des plus grands écrivains de la littérature populaire américaine, il nage dans les eaux communes du thriller avec une histoire de triangle amoureux qui vire à la tragédie. Le lecteur se laisse néanmoins entraîner par la vague et apprécie finalement ses quelques heures de lecture légère.