Plongée que j’étais dans Trois femmes puissantes, je n’ai pas vu venir ce prix Goncourt 2009. Et pourtant. Je suis encore sonnée, troublée par la force de l’écriture de Marie NDiaye. Le souffle coupé par ces femmes fortes que j’admire, que je plains aussi et bizarrement, que je déconsidère tout à la fois.
Les thèmes de la recherche du père, de la fausse puissance et de la déroute des hommes sont au cœur de l’œuvre de l’auteure. Thèmes qui s’entrelacent à celui du déchirement des êtres issus de deux cultures. Riche métissage, oui, mais réalité peut-être plus complexe que nécessaire. Née en 1967 d’un père sénégalais – tôt retourné vivre en Afrique – et d’une mère française, élevée en banlieue de Paris, Marie NDiaye jongle avec ses propres contradictions, elle qui se dit « Française à 100 % » et avoue ne pas connaître l’Afrique.
Reliées entre elles par le lieu, Dara Salam au Sénégal, ou par de lointains cousinages, les trois femmes puissantes ne se connaissent pas mais le lecteur, lui, reconnaît bien celles qui naviguent entre la dure réalité et le monde magique des esprits. Il y a Norah, « avec un démon assis sur son ventre », qu’elle doit porter jusqu’au bout. Fanta qui s’étiole dans une France où elle ne trouve pas sa place, compagne d’un Rudy violent et désenchanté. Khandy, veuve africaine sans enfant et sans espoir, méprisée et trompée, qui s’obstinera longtemps à chercher la lumière.
Depuis trop longtemps – 1998 –, depuis Confidence pour confidence de Paule Constant, Marie NDiaye est la première femme à obtenir le Goncourt. L’écrivaine avait remporté le Femina en 2001 avec Rosie Carpe, qui mettait aussi en scène une protagoniste issue d’un mariage mixte. On dit que NDiaye serait la première lauréate d’un prix Femina à remporter aussi un Goncourt. À vos recherches, donc, les mordus des prix littéraires français