L’auteur de ce recueil, un « médecin-poète », appréhende l’écriture poétique comme possible renaissance lorsque le sens dit « commun » semble s’effriter sinon s’abattre. « Quand tout s’effondre / c’est sous les mots que je m’éclipse / Pour renaître. » C’est la dépossession comme absence de rapports à l’autre, au monde, qui engendre l’acte poétique ; c’est, d’ailleurs, un des dénominateurs communs de la plupart des poètes et poétesses. Le vide existentiel au cœur de la créativité, de l’art a souvent été évoqué… Par-delà l’« usine du quotidien », c’est au déploiement de l’horizon de la culture que l’on assiste. Motel éternité comme début et fin de l’aventure humaine dans la détresse et la beauté des mots : « Je lance ma voix / dans la distance / mais je ne l’entends plus ». J’apprends que l’auteur est décédé depuis la parution de ce recueil : ces derniers vers sont-ils tout simplement le pressentiment d’une mort à venir ?
Mais la poésie se situera toujours au-delà de tous les éclats, les frasques de ce que l’on ose nommer la vie. « Il faut être brisé / pour tout saisir. ».