Comment ne pas aimer Monsieur Ho ? Autant le personnage que le livre, du reste. L’illustration de couverture proposée par Alto – Palais de jeunesse de Zhang Yuqing – annonce bien les propos philosophiques de l’antihéros chinois, humble fonctionnaire sans grande ambition, à l’étroit dans son pays surpeuplé.
« À l’école, nous étions tous un. Tous identiques », confesse Monsieur Ho dans une des rares pages de son journal intime qui nous soient parvenues. Car bien qu’il ait écrit ce premier roman à la troisième personne, l’auteur Max Férandon autorise parfois son digne et sage personnage à se livrer directement, à la première personne.
L’écrivain avoue n’avoir jamais mis les pieds en Chine, mais il nous transmet tout de même sa compréhension de ce que peut être l’atmosphère angoissante de ce grand pays, ce pluriel inquiétant, comme il l’écrit si joliment. « Pour goûter au bonheur indécent d’être seul, juste à soi, un luxe rarissime dans un pays plein à rebord. »
Désireux de mener à bien son absurde tâche de recenser tous les habitants de la Chine, Ho monte à bord du train spécial qui lui est réservé. « Il y avait eu le train de Lénine, il y avait eu celui de Deng Xiaoping. Il y aurait désormais celui de Monsieur Ho. » Le zélé commissaire ira jusqu’aux confins du nord de la Chine, là où les frontières entre la Mongolie chinoise et la République autonome de Mongolie ne sont pas très nettes. Peu importe d’ailleurs. « Ils pourraient ensuite repartir pour aller voir au bout de l’horizon s’ils y étaient. »
Comme dans toute fable qui se respecte, Monsieur Ho propose des personnages farfelus, des leçons à tirer, une quête d’absolu et une certaine morale existentielle. En prime, de l’humour et de belles analogies qui font des clins d’œil au lecteur. « Cette arrogance des Han qui prétendaient que toute vérité passe par l’assimilation. »
Est-il nécessaire d’ajouter que le second roman du néo-Québécois Férandon est attendu avec impatience ?