Au tournant de 1880, Nohog de Ventorx, une étrange créature extraterrestre, est en mission d’observation sur la Terre. Depuis quelques centaines de milliers d’années, il est en poste comme représentant de la Fédération de l’Unicité, dont le siège du gouvernement se trouve sur la lointaine planète Xall. Son site d’observation est profondément enfoui à plusieurs kilomètres dans les entrailles de la Terre. Nohog assiste depuis quelques milliers d’années à l’émergence d’une forme de vie intelligente, l’humain. Il est fasciné par l’inventivité de cette nouvelle forme de vie, par son pouvoir créatif fleurissant dans une grande diversité artistique. Ses modèles prévisionnels malheureusement annoncent que si l’espèce ne maîtrise pas ses pulsions guerrières, elle s’éteindra dans moins de deux cents ans. Si l’espèce humaine arrivait à intégrer l’éthique pacifiste de l’Unicité, elle pourrait certainement changer son destin, assurer sa pérennité et se joindre au concert des civilisations Unes. Nohog de Ventorx obtient l’autorisation des autorités de l’Unicité de contacter un humain et de l’éduquer de façon à tenter de l’amener à infléchir le cours de l’histoire.
Un Indien nez-percé du nom de Mountain est mortellement blessé dans une escarmouche avec un groupe de prospecteurs d’or. Il est recueilli et miraculeusement sauvé par Nohog de Ventorx. Celui-ci lui donne santé et longue vie, et des moyens financiers pratiquement illimités. Est-ce qu’un être humain seul, même doté de tels avantages, peut arriver à infléchir le cours de l’histoire ? C’est la trame de fond du roman.
On ne peut pas dire que le genre littéraire de la science-fiction soit pratiqué outre mesure au Québec, à l’exception notable d’Élisabeth Vonarburg. Le style peut parfois être rebutant, voire un peu désincarné ou cérébral. Il n’en est rien avec Marie-Andrée Lamontagne et Philippe Borne qui arrivent à nous faire voir d’un œil neuf l’histoire du pacifisme des derniers siècles. Le roman se déploie de 1880 jusqu’à quelque part dans la deuxième moitié du XXIe siècle. Les éléments historiques sont habilement mêlés à la fiction et à l’anticipation pour faire un tout crédible et surtout bien ancré dans les enjeux de la société d’aujourd’hui. Après quelques guerres mondiales, quelques conflits régionaux ou locaux et quelques génocides, sur tous les continents, est-ce que les humains sauront faire face à la menace ultime, celle de l’extinction par le réchauffement du climat ? Dans le fond les questions posées par les auteurs dans un cadre de science-fiction sont celles qui se posent dans la réalité bien concrète du genre humain. Jamais la science-fiction québécoise n’aura été aussi passionnante et pertinente.