Les huit textes rassemblés dans les derniers Cahiers Anne Hébert sont issus des communications livrées le 6 mai 2006 à l’occasion d’une journée d’étude tenue dans le cadre de l’exposition « Filiations : Anne Hébert et Hector de Saint-Denys Garneau », que le Musée des beaux-arts de Sherbrooke a accueillie du 6 mai au 11 septembre de la même année.
Aujourd’hui nonagénaire, Benoît Lacroix témoigne d’abord de ce qu’il a vu et entendu, de 1948 à 1950, en été, lors de ses nombreux séjours au manoir familial des Garneau, à Sainte-Catherine de Fossambault. Frédéric Brochu livre ensuite « les premiers résultats » de ses recherches sur la généalogie « peu banale » d’Anne Hébert. Marie-Andrée Lamontagne évalue pour sa part l’influence sur Anne Hébert de son père, le critique Maurice Hébert, et de son cousin Saint-Denys Garneau, puis soupèse le « parrainage bienveillant » d’écrivains français, dont le poète Pierre Emmanuel et le critique Albert Béguin.
Deux des exposés s’intéressent aux essais de l’un et de l’autre auteur. Karim Larose fait ressortir « la conception de la parole » qui « constitue le cœur » du « Monologue fantaisiste sur le mot », un article publié par Garneau en 1937, et met cet écrit en relation avec « Poésie, solitude rompue » (1960), « un texte clé » de sa parente. Par des « rapprochements et distinctions », dans la pratique de l’essai, Andrée-Anne Giguère établit quant à elle l’« usage spécifique » que chacun fait de ce genre littéraire. Entre ces deux analyses s’insèrent celles de Claire Hitrop, de Giselle Huot et de Daniel Marcheix. La première montre comment les études de « la réception critique de la poésie d’Anne Hébert jusqu’en 1970 » mettent en valeur une « figure récurrente », celle du « passage ». La deuxième s’intéresse aux similitudes et aux différences entre les deux poètes et leurs poèmes, et dégage ce que l’inspiration d’Anne Hébert doit à son aîné. Le troisième examine chez les mêmes le « dialogue intertextuel » relatif à « un certain regard masculin porté sur toutes choses ».
À ces huit communications s’ajoutent trois études « hors dossier » sur Anne Hébert : Adela Gligor scrute la transgression des limites génériques entre la poésie et la prose, Stéphanie Viau propose l’analyse des figures de « la femme enceinte, [de] la mauvaise mère et [de] la mère absente », dans six récits, et Annabelle M. Rea clôt le cahier en décryptant « quelques-unes des attitudes vestimentaires dépeintes par Anne Hébert » dans son dernier roman, Un habit de lumière (1999).
Bien qu’inégalement convaincants, les onze textes de cette septième publication témoignent de la vitalité continue des études hébertiennes.