Thérèse Lamartine se consacre à la cause des femmes depuis des décennies. Dans Le silence des femmes, l’auteure, également cinéaste et essayiste, a choisi le genre romanesque pour alerter l’opinion sur la violence faite aux femmes. Elle s’était inspirée du massacre de Polytechnique pour son premier roman, Soudoyer Dieu (JCL, 2009) ; son dernier vient du constat que partout encore sur la planète, les femmes sont assujetties au pouvoir des hommes et sont victimes de tortures et de crimes sexuels. Rien n’a bougé, rien ne bouge selon la romancière, constat largement étayé de faits plus atroces les uns que les autres et souvent restés impunis : fillettes et femmes mexicaines violées, assassinées, femmes vitriolées en Inde, crimes d’honneur et mariages forcés, mutilations sexuelles, encore et encore, ici et ailleurs. Ces crimes perpétrés en ce début du XXIe siècle suscitent la révolte des personnages, Brian Sauvé en tête, et pour cause.
L’homme, un brillant psychanalyste new-yorkais, affiche tous les signes de la réussite sociale et professionnelle. Le 31 décembre 1999, un peu avant minuit, lors d’une soirée mondaine chez des amis, il découvre dans la salle de bain une femme agonisante, suspendue par les pieds, les mamelons découpés. Dix jours plus tard, c’est l’amie de sa fille adolescente qui meurt dans des conditions semblables. L’assassin se révèle être Martin Lucas, le mentor de Brian, celui qui l’a psychanalysé et assisté au début de sa carrière. Et comble de cruauté, c’est à son ancien disciple que le criminel confessera ses meurtres en série, treize crimes sexuels d’une dépravation peu commune. Très ébranlé, Brian Sauvé veut comprendre pourquoi seuls des hommes assassinent pour des motifs sexuels. Il change abruptement de trajectoire, se déleste de ses biens de luxe et décide de se consacrer à la cause des femmes, encouragé par des proches, dont sa maîtresse psychanalyste. Et c’est dans ce contexte que des assertions radicales côtoient des hypothèses tendancieuses qui l’emporteront, au moment de l’action, sur les positions nuancées. L’action entreprise partout sur la planète le 13 mars à 13 h 13 est si invraisemblable que ce qui s’apparentait à un roman à thèse prend l’allure d’un roman d’anticipation dont la situation finale laisse pantois.
Le silence des femmes prête à controverse par son côté justicier. Mais les faits rapportés, eux, sont irréfragables, ce que nous rappelle la plume alerte de Thérèse Lamartine.