Née d’une mère québécoise et d’un père breton, Pascale Quiviger vit en Italie. C’est dans ce pays qu’elle situe l’action de son deuxième ouvrage, intitulé Le cercle parfait. Publié deux ans après le recueil de nouvelles Ni sols ni ciels, ce roman atteste la propension de l’auteure à coucher sur papier les douleurs qu’impose l’existence. Au cours d’un voyage en sol italien, Marianne, une jeune Québécoise, rencontre Marco, un homme un peu plus âgé qu’elle qui la subjugue au point de l’amener à tout laisser – conjoint, famille, carrière et pays – pour s’établir auprès de lui. Faite de solitude, d’attente et de contemplation, sa nouvelle vie rend rapidement la jeune femme insatisfaite ; elle comprend que la vie de Marco est un cercle parfait à l’intérieur duquel il est difficile de s’insérer, que tout tourne autour de lui. Épiée par les villageois, jugée par la mère de celui qu’elle aime, Marianne devient en quelque sorte prisonnière de cet amour douloureux, incertaine de son identité dans un monde qui n’est pas le sien. « Elle n’arrive jamais à articuler quoi que ce soit et, par cette difficulté, elle mesure la distance dans laquelle elle est jetée, l’opacité de la brume dans laquelle elle s’efface pendant qu’elle attend Marco qui n’arrive pas et pendant qu’elle travaille avec acharnement à demeurer au moins contemporaine d’elle-même, détachée de tous les continents du réel, mais encore arrimée au plus petit de soi, au souvenir de soi difficile à saisir, perdu comme une goutte parmi les gouttes de la pluie. »
Le cercle parfait comporte de beaux passages, justes et empreints de délicatesse. Néanmoins, à plusieurs reprises, le lecteur se surprend à constater qu’il a vu défiler les lignes sans pourtant les avoir lues, emporté loin d’une histoire qui, il faut le dire, traîne en longueur par moments. La présence dans le récit de certains passages moins intéressants ou moins pertinents donne à l’ensemble un caractère inégal qui atténue malheureusement le plaisir de lecture, sans toutefois porter ombrage à la beauté de la plume de Pascale Quiviger.