On a évoqué tantôt Umberto Eco, tantôt Dan Brown pour parler de ce nouveau venu dans le monde du « polar érudit ». Jeune journaliste américain, Jon Fasman publiait en 2005 La bibliothèque du géographe, dont l’intrigue principale, bien contemporaine, prenait source à Palerme en 1154. Fasman y menait fort habilement deux intrigues de front. Toujours contemporaine, l’histoire de La ville insoumise se déroule à Moscou où débarque un jeune Américain d’ascendance russe, Jim Vilatzer, endetté et paumé. Par l’entremise de Vivek, son ami avocat qui fait jouer son réseau, Jim décroche un boulot à la Fondation de la mémoire où sa tâche consiste à interviewer d’anciens prisonniers politiques. Voilà un travail qui devrait lui permettre de rembourser ses dettes de jeu, pense Jim, de rehausser son estime de soi qui en a grandement besoin et, enfin, de se refaire une vie à Chicago, hors du delicatessen de papa et maman dont il ne s’est pas encore affranchi.
Mais voilà, Jim doit faire face à des enjeux dont la portée réelle lui échappe, et il se retrouve, bien malgré lui, mêlé à une histoire scabreuse qui ne plaît ni au gouvernement russe ni à la CIA. Il n’aura d’autre choix, après bien des péripéties, de fuir la Russie où, il ne cessera de le constater, rien n’est simple et où la liberté demeure un concept abstrait pour ceux qui détiennent des atouts convoités. « Si on m’avait dit plus tôt que c’était aussi simple de rembourser ma dette. Moi qui comptais obtenir un boulot et faire ça honnêtement, j’apprends qu’il suffisait d’aller en Russie, de démanteler un réseau criminel et de me faire flinguer par la CIA. »
Ambitieux, certes, mais moins érudit qu’Eco. Voué à des succès de librairie ? Sans doute, car à l’instar de l’auteur du Da Vinci Code, Fasman semble avoir découvert une recette gagnante. Ajoutons à cela un sens aigu de l’intrigue, un style emporté et de l’imagination à revendre et parions que cet auteur qui a déjà séduit séduira !