Itinérances est un magnifique petit recueil de haïkus, parsemé çà et là de photos de Nicolas Houde. L’auteur Pierre Cadieu a publié huit écrits poétiques depuis 1969, a participé à la fameuse Nuit de la poésie de 1970 aux côtés de grands poètes québécois, et a aussi publié maints ouvrages didactiques. Tour à tour formateur et auteur, il a fondé SlamOutaouais qui en est à sa troisième saison au sein de la Ligue québécoise de slam. Il est engagé activement dans le rayonnement de la poésie et dans l’accompagnement de la relève artistique littéraire de sa région.
En un peu moins de 30 minutes, je terminais la première lecture d’Itinérances et je cumulais les coups de cœur. Bien que quelques textes me laissent tiède, ces derniers se font vite oublier grâce à de petits bijoux taillés finement. Les couleurs, les atmosphères, les images, les actions de la nature y sont peintes en poésie, un vrai bonheur.
L’écriture de Pierre Cadieu joue de contrastes et vibre de vérité : « Aller en dehors / Pour changer par en dedans // Ailleurs, loin d’ici ». Parfois l’écriture se fait fluide, parfois rigide, tout en étant… vaporeuse. On rencontre des jeux de mots riches, des messages engagés, sans artifice, comme le veut la tradition du haïku. L’humour est aussi présent dans ce recueil ; portrait du quotidien avec un clin d’œil où en quelques mots sont véhiculées tellement de sensations : « Nuit de canicule / Seul le son d’un maringouin / Comme moi sans sommeil ». Que l’on ose écrire sur l’insomnie d’un maringouin me réjouit.
Ailleurs, on visite le désespoir, et encore bien d’autres thèmes démontrant la lucidité de l’auteur. D’une construction rigoureuse, l’écriture poétique de Pierre Cadieu fait preuve d’un fort sens critique, tombe parfois dans le pur plaisir, dans l’absurdité d’une idée d’enfant, puis voyage dans les mouvements urbains du quotidien.
Bref, cette lecture m’a permis de découvrir une écriture habile, qui sait rendre les sensations, les réflexions humaines, en peu de mots. Pierre Cadieu possède une plume expérimentée et le haïku le sert bien, ou il sert bien le haïku, me semble-t-il.