C’est à un chapitre important, mais méconnu, de l’histoire des femmes durant la Deuxième Guerre mondiale que s’est intéressée Julie Desmarais dans cet ouvrage issu d’un mémoire de maîtrise. Pas moins de 20 000 Françaises ont été « tondues » pendant la Libération (de l’été 1944 au printemps 1945). La tonte, traitement humiliant souvent accompagné de gestes dégradants, était le châtiment réservé aux femmes coupables (ou soupçonnées) de « collaboration horizontale », c’est-à-dire d’avoir eu des rapports sexuels avec l’occupant allemand. En trois chapitres bien documentés, Desmarais montre combien la tonte est révélatrice des tensions entre Français et Allemands d’une part et entre Français et Françaises d’autre part.
Selon l’auteure, trois types de tondues ‘ la coupable, l’amoureuse et la victime ‘ dominent la mémoire et l’imaginaire français. Chacun de ces trois types se divise à son tour en « collaboratrice horizontale » ou en « délatrice » (la tondue coupable) ; en tondue « sentimentale », « Arletty » (du nom de l’illustre actrice) ou « irréfléchie » (la tondue amoureuse), de même qu’en « bouc-émissaire », en « patriote » ou en « symbole » (la tondue victime). Cette classification, séduisante bien que pas toujours convaincante, est la grande qualité de cet ouvrage. Outre des documents historiques, Desmarais a eu la judicieuse idée de s’appuyer sur des sources littéraires, toutes bien choisies : Léon Werth, Colette, Claude Aveline, Vercors, Régine Desforges On déplorera cependant une tendance au jugement hâtif ou naïf, comme lorsque le roman de Jean Daniel, L’ami anglais, lui inspire cette remarque ingénue : « Directeur du Nouvel Observateur, l’auteur connaît bien la Deuxième Guerre mondiale puisqu’il y a participé ».
Malgré un sujet en or, Femmes tondues. France ‘ Libération déçoit par sa piètre écriture, un élément que suggère déjà la syntaxe désarticulée du titre. Affirmations banales, raisonnements incomplets, tournures maladroites (du genre « la tonte des femmes tondues0») L’auteure est peut-être inexpérimentée, mais les Presses de l’Université Laval ont fait preuve à son égard d’un déconcertant laxisme.