Comme si de rien n’était est le titre du premier roman de Maxime Collins. Comme si de rien n’était, c’est aussi une manière de dire : faire semblant, faire comme si.
Quatre amis, quatre départs, quatre solitudes : des bouts de vie, des éclats de jeunesse, des rêves et des faux pas. Chacun des chapitres du roman étant consacré à l’un des quatre personnages, celui-ci se présente presque comme un recueil de nouvelles, composé de quatre histoires bien distinctes, comme autant de souffles issus de corps courant à leur perte, mendiant désespérément l’amour. Puis, surgissant çà et là au milieu de tous ces bouts de vie, de tous ces bouts de chemin, le regard et la voix d’un je, étrange, absent : fil coupé ou indéfectible lien, cela importe peu dès lors qu’on a compris que peu de choses au fond nous lient aussi fort aux êtres qu’on a aimés que l’absence elle-même.
Oui, c’est peut-être toujours autour d’une absence, d’un départ, d’un manque que les êtres humains se rassemblent, c’est du moins ce que laisse entendre l’auteur. Mais de quel type de rassemblement s’agit-il ici ? Du souvenir des proximités passées ? De retrouvailles masquées ? Comment faire admettre aux amis d’hier que la personne que l’on est devenu n’a plus rien à voir avec eux ‘ plus rien à voir, peut-être, avec soi-même ? Comment reconnaître qu’on s’est cassé la figure, que vivre pleinement, c’est essentiellement ça, de toute façon : se casser la figure, perdre la face, tomber tête la première dans la réalité du temps qui passe et blesse, et souille.
Ils sont à cette croisée-là, les quatre amis de Comme si de rien n’était : ils apprivoisent, d’une part, le vide qui les lie l’un à l’autre et, d’autre part, celui qui les fait, qui les tient, c’est-à-dire le passage du temps, toutes les traces que celui-ci laisse en passant, les creux, les rides, les blancs ‘ la vie, toujours collée à soi, et ce, manque ou pas. Cette vie, morte de trouille à l’idée de ne pas être à la hauteur de tout ce qu’on en attend. Cette vie qui, déjà, nous fuit, nous glisse entre les doigts, nous met dans de sales draps ; bref, se joue de soi comme soi, des autres.