Ce qui frappe d’emblée en ouvrant ce livre c’est son aspect « manuscrit autographe ». « Sur les touches d’un clavier 5000000000000 poêmes possibles. Mais je préfère les écrire à la main. » C’est suivant cette ligne de conduite qu’Armand Le Poête écrit dans son carnet de notes. Il gribouille, il rature, il agrémente ses vers de petits dessins, il s’adonne au jeu du calligramme. Il commet de nombreuses erreurs de langue, il s’égare aussi, mais il revient immanquablement à Violette, celle qu’il aime. « Poête analphabête cherche muse intransigeante », voilà comment nous pourrions sommairement qualifier la quête de l’auteur. « Armand Le Poête se tient à votre disposition pour parlé de questions littéraires devant tout les public. » On l’aura compris, le candide Armand n’a peur de rien, surtout pas du ridicule. Mais derrière ces bouffonneries, entre les lignes d’un registre faussement naïf, on perçoit une sensibilité et une parole parfaitement originales, une parole capable de faire éclore un sens riche et plein. Sur le plan formel, ce livre, dans lequel les caractères typographiques sont remplacés par une reproduction de l’écriture manuscrite, tourne le dos à la mise en page traditionnelle. Incidemment, cette manière appuie et augmente grandement l’effet poétique de l’œuvre. De même, les griffonnages et les passages biffés renforcent l’idée selon laquelle le texte serait un premier jet. En quelque sorte, on feint la présence d’éléments appartenant à la génétique textuelle, cela à même le produit final. Enfin, retenons que ce recueil fait partie d’une toute nouvelle collection de poésie chez l’éditeur Pleine lune. Celle-ci a été conçue et est dirigée par Thierry Bissonnette.