Après avoir lu avec plaisir Daphnée disparue du même auteur, paru chez Actes Sud en 2008, j’ai abordé La clé de l’abîme avec un préjugé favorable. Les deux premiers chapitres m’ont tout de suite plu, me rappelant vaguement l’univers de Kafka, mais à partir du troisième, mon intérêt a décru.
Daphnée disparue, qui me rappelait la prose de José Saramago, est aux antipodes de La clé de l’abîme. Le délire d’un auteur ayant perdu la mémoire qui tente de retrouver une femme entrevue quelques heures avant l’accident qui lui a coûté son passé a en effet peu à voir avec les péripéties de Daniel Kean, pauvre héros de La clé de l’abîme aux prises avec des personnages cauchemardesques mi-humains, mi-humanoïdes.
S’inspirant de l’œuvre de Howard Phillips Lovecraft, Somoza nous entraîne dans une époustouflante aventure en quête d’une hypothétique clé qui permettrait de détruire Dieu. De l’Allemagne à la Nouvelle-Zélande, en passant par un Japon englouti dans la mer où se déroule une bonne partie de l’histoire, on suit Daniel Kean et les nombreux personnages qui se le disputent puisque c’est à lui qu’a été révélé l’information qui permettra de mettre la main sur la fameuse clé. Dépositaire du terrible secret, il subit la trahison de ceux en qui il avait mis sa confiance et l’ire de la branche radicale des croyants, sinistre métaphore rappelant les horreurs commises par les fanatiques de Dieu de toutes les époques. Mais Daniel Kean poursuit un tout autre but : il veut retrouver sa fille, kidnappée par ceux qui veulent percer son secret.
La science-fiction étant un genre que je goûte peu, La clé de l’abîme m’est tombé des mains à bien des reprises. Les descriptions par le menu qui m’avaient réjouie dans Daphnée disparue m’ont ici ennuyée et ont ralenti indûment le déroulement d’un récit futuriste mouvementé qui ne m’incite guère à fouiller plus avant l’œuvre de Somoza. Les amateurs de ce genre de littérature en auront, quant à eux, pour leur argent : l’imagination de Somoza, vive et luxuriante, fonctionne à plein régime !