La télé-réalité a pris une dimension phénoménale au Québec en 2003, surtout lors du lancement de la série Star Académie, rapidement devenue un phénomène de société, dont tout le monde a parlé. L’anthropologue Jean Pierre Desaulniers, spécialiste de la télévision québécoise, a voulu expliquer cet engouement. Il relate les principaux épisodes, les relations entre les participants, leurs réactions, celles de l’auditoire.
Les commentaires de Jean Pierre Desaulniers restent toujours très proches des événements ; ici, la description prime sur l’analyse. C’est plutôt un portrait psychologique des participants qui nous est livré, surtout aux deuxième et septième chapitres. Certains d’entre eux semblent mystérieux, d’autres plus extravertis, tous paraissent sincères et crédibles.
Quelques passages de l’essai Le phénomène Star Académie dénotent une certaine candeur de la part de l’auteur, comme cette généralisation : « Star Académie a fait la démonstration toute simple que les jeux de séduction ne sont pas le fort des Québécois » ; il faudrait préciser que la spontanéité devenait difficile puisque les participants se savaient continuellement filmés et donc observés par leurs proches.
Le jugement final est cinglant : Star Académie reste une « émission profondément régressive et conservatrice : un ‘show de matante’ », écrit Jean Pierre Desaulniers. Mais cette condamnation ne peut expliquer l’engouement du public. Néanmoins, le livre ouvre la voie à l’exploitation intellectuelle d’un matériau fertile : la télé-réalité telle qu’elle est faite au Québec, car les significations sociologiques et symboliques de ces émissions ne sont pas encore toutes explorées.