Il existe, au Saguenay−Lac-Saint-Jean, comme dans d’autres régions du Québec, une activité littéraire dynamique, où lancements, conférences, récits de poésie et autres événements se succèdent à l’année. Parce qu’elle marque à sa manière le territoire, la littérature régionaliste existe. Elle n’est pas repliée sur elle-même : elle nomme ce qui l’entoure. Ce faisant, elle tend des ponts vers le monde. Le « régionalisme » n’est pas seulement une donnée culturelle consignée dans des almanachs périmés ou l’objet d’une promesse gouvernementale !
Ce coin de pays, que donnaient jadis à découvrir Louis Hémon ou Damase Potvin, ce sont aujourd’hui Yvon Paré, Hervé Bouchard, Lise Tremblay, André Girard, Geneviève Pettersen et bien d’autres qui le cultivent et l’enrichissent. Le Saguenay−Lac-Saint-Jean est localisé bien au-delà du décor que traverse la Véloroute des Bleuets ou que baignent les falaises du fjord. C’est un paysage forestier, maritime ou urbain dont les appropriations multiples par les écrivains ont forgé l’imaginaire, que la saisie littéraire a transformé en un riche espace de représentation culturelle. Le paysage régional n’est pas neutre, et la littérature, avec ses usages, ses formes, sa passion des signes et du sens, le construit en le représentant aussi sûrement que, depuis plus d’un siècle, il a été aménagé par ceux qui l’habitent. Cet espace de signification compose l’atlas littéraire du Saguenay−Lac-Saint-Jean.
Pour amorcer ce dossier, nous avons sollicité la collaboration d’Yvon Paré, arpenteur passionné et animateur infatigable de la vie littéraire régionale. Il fait voir la diversité et le dynamisme des pratiques littéraires. Les points de repères de ce tour d’horizon ouvrent autant de sentiers de lecture. Pour ma part, je rends hommage à l’écriture d’Hervé Bouchard, citoyen de Jonquière de première classe dans la République des Lettres. La poésie loge à l’enseigne de la culture ilnue chez Marie-Andrée Gill, dont les deux recueils sont présentés par Paul Kawczak. À Yvon Paré, cette fois-ci le romancier, est consacré un article d’Andréanne R. Gagné. Dans le contexte d’un régionalisme effervescent, les éditions La Peuplade ont gagné un pari qui, il y a dix ans, paraissait plus hasardeux qu’ambitieux. Depuis, un catalogue enviable s’est constitué. Élyse Laberge propose un entretien avec Mylène Bouchard, cofondatrice de la jeune maison d’édition, tandis que David Laporte rend compte du premier roman de Mathieu Villeneuve, Borealium tremens, récemment paru à cette enseigne. Ce dossier se prolonge dans deux rubriques de la revue : celle des écrivains méconnus apparaît taillée sur mesure pour Paul Villeneuve, dont le roman Johnny Bungalow, publié en 1974 (présenté ici par Patrick Guay), est un des grands textes oubliés de notre littérature, tandis que Lise Tremblay, qui faisait paraître il y a quelques mois un cinquième roman (L’habitude des bêtes) dont l’action se situe à la montagne, tout près de Chicoutimi, signe « Le livre jamais lu ».
Dossier Vie littéraire et imaginaire du Saguenay−Lac-Saint-Jean :
Des écrivains à l’assaut du monde
Hervé Bouchard : au nom du père et du six
Marie-Andrée Gill : présence vivante
ÉCRIVAINS MÉCONNUS DU XXe SIÈCLE : Paul Villeneuve
Yvon Paré : l’enfant qui ne voulait plus dormir
La Peuplade : enracinée et sans frontières
Le délire nordique de Mathieu Villeneuve
LE LIVRE JAMAIS LU de Lise Tremblay : La servante écarlate de Margaret Atwood
Commentaires de lecture :
De vengeance (J. D. Kurtness)
Henri de ses décors (Laurance Ouellet Tremblay)
La leçon de Rosalinde (Mustapha Fahmi)
Entre toi et moi (Danielle Dubé et Nicole Houde)
Tu aimeras ce que tu as tué (Kevin Lambert)
Magazine Zone Occupée
En complément :
Marie-Bernadette Dupuy