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Le vendredi 2 octobre 2009. C’est le matin. Partout le temps gris contient le vent ; les feuilles accrochées aux branches se dessèchent lentement. À la fenêtre la nature crève. Bêtement. Aujourd’hui, on ne veut pas mourir dans la mort de l’autre. Et cela veut dire que notre mort doit être unique pour que nous puissions en parler avec élégance dans son indécence et dans les cocktails.
Charlotte est partie travailler ; je reste seul avec mon café froid et la photo de Nelly Arcan sur la porte du frigo. Nelly Arcan incarnée, trop bien carnée. Me dis que je n’irai pas lui rendre un dernier hommage, moi qui ai horreur des hommes en noir et autres porteurs de cercueil, qu’ils soient du Plateau ou de Saint-Éphrem- de-Beauce. Me dis que sa mère mérite consolation dans toute cette désolation. Me dis ensuite que son père commande le silence comme il se doit avec les pères québécois, faire-valoir du silence. Me dis surtout que la grande famille québécoise doit se recueillir avant de tout briser dans son chronique inachèvement. Me dis enfin que j’ai des enfants et que Nelly Arcan était seule et, à elle seule, tout un orphelinat désert.
Puis je passe au salon où je lis un extrait de Paradis, clef en main1, son dernier roman mis en ligne. Et je ne suis pas convaincu. Du moins en ses premières pages où Antoinette Beauchamp nous conte sa « vie » de paraplégique après un suicide raté. Ici, le porte-à-faux est manifeste et cruellement ironique à la lumière de la réalité tragique. Mais d’une lucidité achevée, déjà relevée chez le Cioran de Syllogismes de l’amertume :« Que personne n’essaye de vivre s’il n’a pas fait son éducation de victime ». Et surtout : « Pourquoi je ne me suicide pas ? Parce que la mort me dégoûte autant que la vie ». Voilà pour notre temps mortifère dans une civilisation occidentale inachevée, pour nos lieux communs plaqués à la culture de la mort, au banal désespoir de vivre. Bref, rien de nouveau sous le soleil noir.
Alors, quoi ! Pourquoi cette agitation autour d’un autre écrivain qui a décidé de passer l’arme à gauche, après ses alarmes entendues en centaines de pages, en dizaines d’entrevues ambiguës et en quelques maladroits pas de deux et entrechats ? Pourquoi ces lamentations après plaintes et confidences étouffées sous l’oreiller dans les matins de rien ? Elle n’est pourtant pas la première à poser la question essentielle entre deux dépressions existentielles. Car nous souffrons, bêtement, de ce crime commis par la nature dans le dos de la vie, nature partout prédatrice et à jamais liée à notre génétique crépusculaire. Nous avons conscience de notre propre démence individuelle avant de la rendre collective, de notre aspiration au néant où l’ultime confort nous attend sans effort à faire, ni compte à rendre, surtout pas à la vie. Dans son grabat, il faut imaginer Antoinette heureuse.
Je soupire avant de me lever pour me rendre à mon bureau où les corneilles, mes « ailes angels » préférées, m’accompagnent de leurs croassements dans le temps de ma mémoire.
À ma table de pin à l’antiquité incertaine, je demeure immobile, en vertiges mais indifférent, pour ne pas dire en état de matière. Puis, fatigué de ma « contemplostate », je me lève avec mon café froid que je porte à mes lèvres. Le téléphone sonne, bêtement ; c’est Victor-Lévy et sa grande maison étrange au bestiaire odorant. Et c’est bien. Nous parlons des chiens à deux pattes, nombreux et toujours errants, et des siens de plus en plus rares. Et c’est rien. Ensuite nous parlons des mots. Et c’est beau. Je lui dis que ma dernière poésie suivra bientôt, après une grève éditoriale de cinq ans où j’ai connu bien des petites morts avec ces milliers de crabes minuscules qui tenaillaient mes entrailles finies. Enfin, nous soupirons sur le pays qui se défait, sur ceux qui l’habitent encore avec courage et dignité et sur Nelly Arcan qui a décidé de le déshabiter de son impérieuse beauté urbaine, empruntée à la nécessité de paraître avant de disparaître.
Le combiné déposé, je me ravise : j’irai à Lac-Mégantic avec François le Survivant, à la mort six fois déjouée. Je lui téléphone, je l’invite à ma virée, je suis surpris : il accepte sans hésiter. « La mort ne l’impressionne pas, ne l’impressionne plus » qu’il me dit de sa voix entachée de nicotine. Mais je ne sais pas encore pourquoi nous y allons, moi et mes tourments, François et ses silences. Nous allons peut-être revisiter cette amie de toujours, celle que l’on rencontre une fois au cours de la vie, lointaine cousine pas si éloignée que ça Peut-être nous dira-t-elle le secret de Nelly Arcan étrangement composé mais aujourd’hui en voie de décomposition.
14 heures. Ciel bas au soleil hésitant. Lac-Mégantic à l’horizon, dans la gêne et le froid. Nous allons à une fête morte. Pour une dernière fois, nous saluerons les origines de Nelly Arcan ; nous méditerons devant son enveloppe corporelle car celle, charnelle, se putréfie déjà dans un cercueil ; nous nous recueillerons pour mieux sentir ce sang mauvais qui empoisonne peu à peu le peuple québécois, qui mine son image faite d’ombres abîmées, qui mime son effacement. Quand je parle de cela à François, il me répond gravement : « Quand on n’a pas d’ombre, eh ben, on n’existe pas ». Nelly Arcan avait trop d’ombres à publier. Trop d’ombres pour oublier. Ombres qui finissent toujours par nous rejoindre dans la manufacture du fatum.
La famille l’a ramenée au pays. Elle a refait pour la dernière fois la route où les corps souverains s’épuisent en vain à la suite de leurs rêves de colère et de leur soif de liberté, semant derrière le corbillard des feuillets griffonnés qui se retrouveront bientôt sous les feuilles mortes trempées de pluie que nul vent ne pourra soulever. La famille l’a ramenée au pays ; nous allons la rejoindre ; nous n’avons rien à publier.
Lac-Mégantic. Au premier feu rouge, je me souviens que Charlotte m’avait dit un jour, dans les premiers temps de nos amours, que j’étais un voyeur, un voyou, un voyant. Dans l’ordre et le désordre. Un déviant à la dérive qui attend qui maintenant, qui attend quoi depuis toujours : le beau regard clair de Nelly Arcan, sa lèvre lippue, son regard toujours soumis à la dictature de la douceur sur un visage à recomposer sans cesse, le tout dans un corps emprunté aux canons de ses contemporains et qui l’a laissée tomber dans un matin nain quand l’amant se tira sans même un dernier baiser.
Elle a quitté la vie qui en a connu d’autres, égérie de tous les corps lacérés sous les crocs de la nature prédatrice, par la vie intensément vide qui ne bat plus le grain, seulement le gain d’absolu que la société n’a pas encore réduit en cendre. Je sais. Elle repose là, dans un cercueil, avec sa nécessité toute contemporaine et dans la décomposition de l’instant.
Dans le stationnement, j’hésite. Au fond, je ne tiens pas à lui rendre un dernier hommage. Maintenant ses yeux sont fermés à jamais et Nelly Arcan enfin rentrée au pays honni et anonyme, rentrée dans ce corps éthéré trop à l’étroit dans cette burka de chêne verni et de laiton poli. Dans l’automobile, je regarde devant moi, l’air absent. Puis, François me secoue lentement pour me ramener dans le réel. C’est tout décidé : j’irai voir cette icône brisée par l’avidité du vide, ce « visage d’ange en exil » (Verlaine).
À la porte du funérarium, les fumeurs se tiennent les fesses serrées dans le petit froid d’octobre. Nous entrons aussitôt dans un lourd silence. Bien droit dans le vestibule, un tableau sur lequel sont épinglées des photos de Nelly Arcan : ses premiers pas, sur son tricycle, à l’école, en patins Avec partout son sourire aux lèvres minces dans ce qui m’apparaît être une enfance heureuse et sans histoire. Partout ce sourire placide et tranquille. Puis, plus rien. Tout au plus une photo d’elle, adulte, tatouage au bras gauche, embrassant sur la joue une amie de ses lèvres humides et empruntées. J’insiste : seulement ce sourire, son sourire. Toujours égal, toujours étale. Et pas le moindre traumatisme dans ce regard calme et serein, sûr et certain. À l’évidence, sa première vie a été un long lac Mégantic tranquille.
Dans le lot une photo, pourtant, se démarque. Celle d’une petite fille au regard rêveur, tête reposant sur l’épaule de son père, visiblement en amour avec cet homme aux yeux perçants et volontaires.
Nous entrons enfin dans la grande salle. Peu de larmes en ces lieux, que des regards curieux jetés sur les étrangers que nous sommes en ce vendredi après-midi du vrai monde qui ne sort jamais en ville. Peu de larmes en ces lieux pour ponctuer l’infinie tristesse que je ressens maintenant comme solitude dans le devoir, rituel à accomplir parmi ces gens à la main tendue et toujours moite, au-dessus de laquelle s’élèvent les murmures des voyeurs qui viennent s’assurer de la gravité des visages que nul sourire ne saurait distraire.
Nous entrons dans la file. À la gauche du cercueil se trouve une table sur laquelle sont disposés des livres et, surtout, des cahiers scolaires. Je quitte la file pour les feuilleter et ainsi apprendre ses premières flammes littéraires : Prévert, Saint-Denys Garneau, Grandbois. Je lis avec émotion ses dissertations bien rythmées, aux sujets maîtrisés et à l’évidente sûreté d’écriture tandis que, derrière moi, la file des gens aux pas traînants chuchotent des mots d’encouragement à la famille éprouvée. À la fin de l’une d’elles, une note professorale : « Tu écris très bien. Continue ton beau travail ». Tout était déjà écrit… Puis, intercalés entre les dissertations, des pastels gras de femmes nues aux seins généreux. Langoureuses femmes mamelues sans visage et sans regard, aux formes gracieuses avec, au-dessus de l’une d’elles, cette phrase en lettres capitales et césurée : LA FEMME/OBJET DE DÉSIR. Tout était déjà décrit…
Tel un Shylock, je prélève ma livre de mots pour une future voyance. Honteux, nous prélevons sur les cadavres considérables les dernières lueurs d’éternité avant que leurs yeux crèvent et se creusent, que des orbites jaillisse le vide de nos vies.
Maintenant nous avançons jusqu’au cercueil fermé sur lequel reposent une gerbe de fleurs puantes et une photo idéalisée bien encadrée. Nous sommes si dérisoires, si insignifiants dans nos mots toujours à côté de nos pompes et de nos œuvres.
Je me penche sur Nelly Arcan ; je suis tout près de sa beauté punitive maintenant rendue à l’immobile mensonge de sa durée, si près de son souffle éteint. Contre son cercueil, tout contre, j’imagine une dernière fois ce corps inerte avant de revenir en Beauce et à ses prodigieuses élévations, dans ce petit froid d’octobre, au volant de mon automobile de voyeur, avec François dans le siège du mort, à la fois rêveur et jongleur, silencieux et sévère, entre ciel et terre, fuyant la petite mort de Nelly Arcan et la grande d’Isabelle Fortier qui seront un jour la nôtre car nos yeux se refermeront bien un jour sur nos œuvres comme sur nos os.
Enfin, debout, la famille réunie, grave et démunie. D’abord une mère dévastée à qui je décline mon identité et présente mes condoléances. Elle se jette aussitôt dans mes bras, inconsolable ; et je l’étreins tendrement car je crains de la briser ; et je sens tout son corps contre le mien, si menu, si vulnérable tandis que reviennent à ma mémoire les mots terribles de sa fille dans l’hebdomadaire Ici : « La vie est propre à celui qui la vit. Et s’il est vrai que le suicide est un legs terrible qu’il faut absolument combattre, c’est aussi vrai que ne pas faire souffrir son entourage ne peut constituer, du moins à long terme, une raison suffisante pour vivre ». Des mots pour des maux. Rien que des mots « à long terme » pour des maux permanents. « Je veux montrer aux gens qu’Isabelle a été aussi une petite fille », qu’elle me souffle ensuite à l’oreille, entre deux sanglots étouffés. Alors le tableau aux photos et la table aux souvenirs scolaires s’imposent à mon esprit. Et sur les mots d’une mère anéantie, il n’y a rien à ajouter. Et c’est en silence que je serre la main du père et du frère muets, en silence que je m’en vais rejoindre François assis avec les voyeurs. Pour la première fois de ma vie, je reste coi.
Ainsi entourée des siens, peut-être est-elle moins morte que si on l’avait laissée à l’exigeante solitude de ses mots, avant qu’elle se glisse autour du cou un lien approximatif pour enfin étouffer celle absolue dans son corps. Voilà pour cette mort depuis trop longtemps annoncée, dans les œuvres comme dans les nécessités, mort trop bien planifiée, je le sais, je le sens tandis que je m’éloigne de sa burka de bois sur laquelle trônent tristement une gerbe de fleurs puantes et une photo idéalisée bien encadrée.
Nous quittons d’un seul pas le funérarium. Dehors, les mêmes fumeurs que tout à l’heure. « Voici l’heure de partir, l’heure voilée dans un temps volé » que je marmotte en ouvrant la portière. « On ne part pas » me répond aussitôt Rimbaud. « On revient toujours à rien » que je réplique. Mais avant rien, il y a tout. Il suffit de le tirer du néant de nos vies, même désespérées. De le rendre à la beauté afin d’être plus grand que les siècles qui nous recouvrent. Pour cela, il faut fuir sa nature pour retrouver la vie. Et il faut garder pays pour mieux la vaincre. La vaincre pour la future résurrection profane jusqu’à son complet épuisement dans l’accomplissement de la… Je n’ai pas le temps de terminer ; ma mauvaise conscience ricane dans mon dos : « Quel ridicule soliloque judéo-chrétien que tu nous sers là ! Retourne donc dans ta Beauce périnatale retrouver le droit fil des mots et le sens des planches, toi qui » Tais-toi ! C’est pas le temps, ni le lieu ! Et c’est en grommelant que je quitte le stationnement tout en jetant un dernier regard aux fumeurs livides sur le perron. Ces derniers savent tout de leur mort et ils n’en ont rien à cirer.
Redevenu impassible, je longe maintenant la rivière Chaudière toujours étale en ce temps de l’année. Je descends la rivière étranglée entre les érablières en flammes ; et cela réchauffe mon cœur toujours en sang ; et je me souviens…
Mauvais sang
Je remontais la route avide de vies vers le lac Mégantic où la rivière Chaudière prend sa source, où j’arpentais rageusement l’autre route impossible dans les nuittes pétaradantes jusqu’à Saint-Georges-de-Beauce. Là, j’étais voyeur, voyant et voyou, jusqu’aux limites des initiations et des illuminations.
J’étais voyou sur les routes de Lac-Mégantic jusqu’aux chutes de Charny, partout où coulait la rivière Chaudière qui charriait ma mauvaiseté dans de mémorables cuites avec des amis bigarrés, compagnons de déroute armés de rancœurs et de cœurs affamés. J’étais un Robin des bars ben magané. À cette époque, j’avais faim d’une vie exacerbée et sans fin.
J’étais monstrueux en de pauvres excès pour des causes jamais entendues. Et il n’y a rien de scandaleux dans la vie et dans la prose de Nelly Arcan quand je pense à ma défonce terminale, à ma folie mythologique, à ma fureur préhistorique. Parce que le scandale est dans le silence des bourreaux, dans le non-dit de toute société qui est et sera toujours, comme l’écrivait si bien Freud, un « crime commis en commun ».
Je sais. Que voilà des anecdotes insignifiantes en regard de la réalité rugueuse et rimbaldienne que je ne parvins jamais à atteindre, que Nelly Arcan ne parvint jamais à étreindre. Réalité qui a fini par la rejoindre pour mieux l’étrangler. Alors j’en veux à ce matérialisme sophistiqué qui heurte de plein fouet celui, tout débriscaillé, de mon Babelle couvert de cendre et de fureur. Son matérialisme était vrai mais sonnait faux, à défaut d’être bonheur dans les mots nouveaux, à défaut d’être follement libérateur de nos petits comme de nos grands malheurs. Tous ces corps réifiés et soumis à la dictature de la matière chromée, tous ces corps dérisoires qui ne peuvent créer d’autres cœurs parce que toujours limités par l’horizon de la plasticité, tous ces corps ne pouvaient dépasser l’anomie imposée à nos illusions, ne pouvaient transcender la société des cannibales qui conforte ses certitudes en jetant partout nos incertitudes.
Dans mon automobile de voyeur, François ne rumine plus. Voici que nous sommes déportés jusqu’aux portes de la Beauce historique avec hoquets, soupirs, égarements, sémaphores qui énervent les parfaitement adaptés brûlant tous feux éteints sans jamais rien créer, toujours en train de communier à la consommation du monde tout en chiant leur béate habitude de vivre et de mourir bêtement.
Je sais. Nelly Arcan n’était pas une voyante. Plutôt une voyageuse en transit dans une gare minable et interminable avec, dans ses bagages, un gros sac en plastique à l’intérieur duquel étouffait sa vie agonique comme seul viatique, avec, en main, un billet à sens unique. Savait-elle qu’il existe un au-delà de la séduction et qu’il n’est pas dans la destruction ? Un au-delà où le pouvoir ne nous appartient pas. « On n’a pas le droit de choisir d’aller en enfer » a dit un ayatollah pendant la révolution iranienne.
À la vue de mon village, je tousse, l’asthme toujours à mes trousses. Avant le Ventolin, j’écluse le sirop Cioran à pleine flasque. Rien pour calmer mon souffle vital : « Je ne puis comprendre la raison de la souffrance dans le monde ; qu’elle dérive de la bestialité, de l’irrationalité, du démonisme de la vie, en explique la présence, mais n’en fournit pas la justification. Il est donc probable que la souffrance n’en a aucune, de même que l’existence en général2 ». Et cette dernière lampée, pour la route qui s’achève : « Je voudrais exploser, couler, me décomposer, que ma destruction soit mon œuvre, ma création, mon inspiration ; m’accomplir dans l’anéantissement, m’élever, dans un élan démentiel, au-delà des confins, et que ma mort soit mon triomphe3 ». Tout est dit, rien n’est dit et tout restera inédit.
J’accélère tandis que je négocie la courbe de la mort dans le soleil déclinant. À cet instant, tout est parfaitement crépusculaire. Vais-je déraper ? Je regarde à ma droite et je vois le sourire de François. Il se sauve et je suis sauvé.
Voir aussi : Les jeunes femmes et la Mort
1. Nelly Arcan, Paradis, clef en main, Coups de tête, Montréal, 2009.
2. et 3. Émile Michel Cioran, Sur les cimes du désespoir.