C’est un beau titre mais c’est un mauvais roman. Le héros, anthropophage et tueur en série, ne tient pas la route. Il y a là quelque chose de profondément faux, à côté de la traque, comme on dit. On n’y croit pas. L’auteur, Philippe Ulrich, est présent, trop présent, à chaque ligne, dans chaque phrase, il ne sait pas donner à ses personnages la vie qui doit les porter jusqu’à la fin. Vouloir écrire un thriller ne donne pas tous les droits. Il faut du vrai, du vraisemblable, du véridique sur lesquels s’appuyer quand on lit.
Je dois avouer que je ne me suis pas rendu jusqu’à la fin. Le livre ne m’a pas transporté. Comment dirais-je ? Les personnages ne sont que les pantins d’un auteur en mal de voyeurisme malsain. Ce n’est pas mal écrit, ç’aurait pu être une histoire intéressante, mais le corps même du roman est habité par un écrivain trop présent, comme s’il n’avait pas réussi à s’oublier pour donner vie et vérité à ses créatures, comme s’il avait refusé en cours de route de supporter son histoire et ses personnages. C’est écrit par-dessus la jambe avec une légèreté de mauvais aloi pour ce type de roman. Les faits sont horribles et l’on dirait que l’auteur s’amuse à ne pas croire en ce qu’il écrit. Certes, il aurait pu traiter avec humour une trame habitée par l’affreux, mais ce n’est pas ce qu’il a choisi. En fait, il n’a pas choisi, il s’est laissé porter par une forme de dérisoire qui l’empêche d’aller vers la vérité. Le lecteur est mal à l’aise, comme pris dans les rets d’une situation trop maléfique ou sans aucune importance.
J’arrive au fait : tout cela est inutile, n’ajoute rien à la littérature. Philippe Ulrich s’est essayé à écrire un roman et il a raté sa chance. C’est tout simple. On ne croit pas à son histoire, on se lasse très vite et puis on passe à autre chose, je veux dire à d’autres lectures.