Naître gaucher équivalait, à une époque pas si lointaine, à être étiqueté différent, discordant. Et au Québec, comme partout ailleurs, les différences, surtout lorsqu’elles étaient visibles, demandaient à être corrigées, effacées, gommées. Quoi de plus alarmant pour des parents que de constater que leur enfant n’est pas normal. Il a bien tous ses membres, comptés et recomptés, mais il ne les utilise pas selon le mode d’emploi habituel, convenu. Un défaut de fabrication est survenu. À qui la faute ? On ne cherchera pas tant à savoir, à comprendre qu’à réparer la situation. Un défaut qu’il faudra corriger le plus rapidement possible afin d’éviter que l’enfant soit stigmatisé, montré du doigt, de la main droite. La famille, appuyée fortement par un système d’éducation qui ne prisait guère plus les différences, cherchera par tous les moyens à faire rentrer dans le rang la brebis égarée, à masquer ce fil qui dépasse.
Dans un essai tout . . .
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