« Le gouvernement du Canada lance une expédition pour retrouver les épaves historiques de l’expédition Franklin » : ce communiqué de presse, daté du 15 août 2008, témoigne de la volonté, toujours actuelle, de retrouver les épaves du HMS Erebus et du HMS Terror, les deux navires anglais dont il est question dans Terreur. Si le sort de l’expédition Franklin est peu connu à ce jour, Dan Simmons nous en propose une fascinante version combinant faits avérés et fiction.
Au milieu du XIXe siècle, sous le commandement de John Franklin et de Francis Crozier, 129 marins montent à bord du HMS Erebus et du HMS Terror, en quête du passage du Nord-Ouest. Dans Terreur, l’expédition se transforme rapidement en une incroyable et palpitante odyssée qui s’étend sur 67 courts chapitres. Habilement construite, la narration alterne les points de vue qui dépeignent la vie de cette microsociété dans l’enfer blanc de l’Arctique canadien. Imprécision des cartes, équipement vestimentaire inadéquat, nourriture insuffisante et impropre à la consommation, voilà qui inaugure mal le séjour forcé imposé aux explorateurs des deux navires bloqués dans les glaces. À cette infortune s’ajoute une mystérieuse et puissante créature aux griffes acérées qui traque les hommes et confère à l’histoire une touche de fantastique.
Voilà un roman imposant qui transforme peu à peu l’aventure de John Franklin et de Francis Crozier en cauchemar. « Francis Crozier ne croit en rien. La vie est solitaire, misérable, dangereuse, animale et brève. » Rien dans Terreur ne saurait infirmer cette vision de la vie si ce n’est que le roman se clôt sur un parcours initiatique qui vient donner sens aux longues et impitoyables épreuves traversées par Crozier.
Une fois encore, Dan Simmons livre une œuvre achevée, bien documentée qui, à l’instar des Forbans de Cuba, donne envie d’en connaître davantage sur les faits historiques qui l’ont inspirée.