Sur les rives est un court roman du Québécois Michel Vézina qui nous amène aux limites de l’horreur, si bien qu’à la fin, on en redemande. Un récit dépouillé de description lourde ou de personnage superflu : Vézina réduit tout à sa plus simple expression. Une écriture efficace et visuelle qui essouffle par son rythme fiévreux, des phrases courtes et toutes nécessaires décrivant action et coups de théâtre. Rédigés en joual, les dialogues familiarisent le lecteur québécois pure laine à l’intrigue. Néanmoins, des images fortes viennent parfois s’y greffer dans un style qui voisine avec la prose poétique, comblant aussi nos envies littéraires, souvent négligées dans les romans policiers. Les deux styles coexistent harmonieusement. Les personnages deviennent attachants et les lieux, mythifiés. On y croit, à l’histoire de Vézina, malgré son caractère grand-guignolesque. Par ailleurs, le titre de chaque chapitre annonce à petite dose son contenu puisqu’il fait allusion à des classiques littéraires ou cinématographiques du XXe siècle. Polar épuré comme il est rare d’en lire, Sur les rives demeure original dans son genre en ce qui a trait au dénouement, touchant à la fois au drame familial, au policier et au vaudou.
Le récit oscille d’un personnage à l’autre. On apprend à les connaître un à un avec leurs manies, leur langage et leur petit jardin secret. Leurs histoires se rejoignent lorsque le corps d’une femme est retrouvé mutilé sur une plage du Bas-Saint-Laurent, dès le début du roman. Plus la lecture avance, plus ce qui semblait être un règlement de compte suivi du suicide du meurtrier devient plutôt une série de meurtres où, chaque fois, l’assassin se donne la mort. Une enquête difficile pour Mélanie Bonne, l’inspecteur Bélanger et Faustin Robert, trois personnages réunis par le destin. Et les meurtres sordides qui se multiplient