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NUIT BLANCHE

Il faut reconnaître que si Harlan Coben n’a pas inventé le genre du suspense, il en maîtrise remarquablement les codes. Roman de la victime qui sait jouer insidieusement avec nos nerfs, Six ans déjà arrive dès les premières pages à nous plonger dans un état d’angoisse frôlant la paranoïa, et il faudra bien attendre jusqu’à la toute fin pour espérer un relâchement de tension.

En cours d’adaptation au cinéma, le futur film nous offrira le célèbre Hugh Jackman dans le rôle de Jake Fisher, un professeur d’université coincé dans un brouillard tout ce qu’il y a de plus opaque, où il devient périlleux de faire confiance à qui que ce soit. L’auteur de Six ans déjà échafaude un récit tordu où tout n’est que mensonge, trompe-l’œil et supercherie.

Un peu fade, le titre du roman a au moins le mérite de placer clairement l’action six ans après le mariage de l’ex-petite amie du professeur Fisher avec un médecin dont la mort dans des circonstances violentes nous sera communiquée rapidement. Se rendant aux obsèques, Fisher ne retrouvera pas la Natalie qu’il a aimée, mais une parfaite inconnue, qui ignore tout de ce mariage célébré six ans plus tôt. Qu’est-il donc arrivé à la femme qu’il a fréquentée à l’époque ? Avec des ressources limitées, Jake Fisher doit prendre les choses en main et mener l’enquête pour éclaircir cette situation des plus étranges.

En trois chapitres à peine, Coben crée un mystère confondant. L’énigme est pour le moins déroutante, bien que les habitués de ce maître du suspense risquent fort de reconnaître le schéma de son premier roman à succès, Ne le dis à personne…, paru il y a une douzaine d’années. Fâcheuse sensation de déjà-lu… Sitôt l’engrenage enclenché, le personnage principal n’a d’autre choix – alors même que l’étau se resserre sur lui – que de démêler seul l’intrigue s’il veut non seulement retrouver la bien-aimée disparue, mais aussi se disculper aux yeux des autorités. Or, comme si on voulait lui compliquer la tâche, tout l’entourage de Jake semble en train de le trahir, de lui mentir, afin de le préserver peut-être d’une vérité intolérable.

Recyclage de canevas de base, sans doute. Mais le scénario élaboré n’en demeure pas moins diaboliquement futé, complexe et satisfaisant pour une captivante lecture de vacances. Attention lecteurs, voilà un roman tout à l’action dont l’efficacité est redoutable : quand le doute nous gagne et triture avec vigueur notre esprit dérouté, une nuit blanche devient une option valable, à considérer ne serait-ce que pour aller tout au bout du tunnel, là où la vérité apaisante nous attend.

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