Ce premier volume de Romans, paru au moment où l’on se prépare, en France, à commémorer le centenaire de la mort de l’écrivain en 2007, présente de nombreux avantages. S’y trouvent réunis les principaux écrits narratifs du premier Joris-Karl Huysmans (de 1876 à 1888), alors qu’il fit sa marque comme séide de Zola, puis comme romancier de la décadence parisienne. Même si les rééditions sont courantes, certains des textes réunis ici restent difficiles à trouver en librairie. C’est le cas avec le magnifique « chant du nihilisme » En ménage, qui fut longtemps le livre favori de Huysmans. On retrouve bien sûr, dans Romans I, le « bréviaire de la décadence » qu’était À rebours, selon l’expression consacrée d’Arthur Symons, maître livre d’une génération d’épicuriens dégoûtés par la vie et les mSurs américaines de leur siècle. Le sommaire du livre comprend aussi les premiers romans naturalistes de Huysmans, qui n’ont pas pris une ride : Marthe, Les sœurs Vatard et Sac au dos (en deux versions), et les classiques pessimistes À vau-l’eau et En rade. Au lecteur découvrant Huysmans, À vau-l’eau promet de plaire par son extrême concentration. « Diaconat des misères quotidiennes », selon l’auteur, le roman raconte l’odyssée d’un Ulysse rond-de-cuir de gargote en gargote, à la recherche d’un bifteck dont la sauce ne soit pas fade. La quête est vouée à l’échec : il n’existe plus de plaisir pur. En quelques pages se trouvent condensées la philosophie et l’esthétique pessimistes de Huysmans, de même que son ironie décapante (ce n’est pas fortuitement qu’André Breton l’a rangé dans son anthologie de l’humour noir). On connaît moins, sans doute, le Huysmans nouvelliste. Cette édition regroupe deux récits étonnants, « Un dilemme » et « La retraite de Monsieur Bougran », qui offrent des variations autour de thèmes chers à Huysmans : la muflerie bourgeoise, la figure de la fille mère ou de l’employé de bureau, sans oublier l’ironie cinglante et le burlesque funèbre. En plus de rassembler la plupart des meilleurs récits de Huysmans (n’y manque, finalement, que le classique du satanisme Là-bas), Romans I est émaillé des commentaires de quelques-uns des plus éminents spécialistes de l’œuvre huysmansienne, ce qui en fait l’édition de référence à ce jour.
ROMANS I
- Robert Laffont,
- 2005,
- Paris
996 pages
59,95 $
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