Ce roman de Monique Le Maner s’amorce dans une atmosphère sordide. La mort et le froid y sont omniprésents et les personnages vivent une solitude profonde.
Dès le début, on plonge dans un monde étrange, pourtant familier, mais dont le contexte tient de l’impossible, voire de l’absurde. Il faudra attendre les dernières pages pour que se remettent en place les morceaux de ces 24 heures suspendues dans le temps. Le brouillard finira par se dissiper et dévoilera une sorte de mise en abyme, ou une allégorie ; enfin, une histoire pour aider à accepter la mort. L’auteure se joue de ses personnages un peu tordus avec un humour jaune, mélangeant les temps et les réalités. Son récit, de détour en détour, fait voyager le lecteur dans ce que l’on pourrait nommer un parcours rituel, issu de l’imaginaire d’une vieille dame.
Un possible meurtrier qui traîne trop de souvenirs, un amnésique préposé à l’accueil des morts dans un salon funéraire et une frêle jeune femme vêtue d’une robe d’été et chaussée de sandales de plastique partagent leurs souvenirs, volontairement ou non, au cours d’une tempête hivernale dans un manoir sombre. En parallèle à cette trame, une vieille dame prisonnière de son lit d’hôpital agonise. La force de l’intrigue est de nous interroger sur le rapport qui existe entre ces personnages. En quoi sont-ils liés ? Pourquoi affirment-ils qu’ils mourront inévitablement exactement à la même seconde ? La réponse et le dénouement démontrent une créativité surprenante. Monique Le Maner sème des indices, qui ne semblent pas en être, tout au long du récit. C’est avec délice ensuite que se profilent les liens entre eux.
Si le plaisir de la lecture est troublé par une angoisse, un haut-le-cœur, une odeur de mort qui traîne page après page, il n’en est pas moins manifeste lorsqu’il se présente, une fois le brouillard du songe dissipé.
Professeure de lettres puis journaliste en France, Monique Le Maner est maintenant établie à Montréal. Elle a publié trois autres romans chez le même éditeur, soit Ma chère Margot, La dérive de l’éponge et Maman goélande. Elle est aussi l’auteure de trois polars, dont on peut sentir la trace dans Roman 41.