Comme initier le néophyte à notre histoire nationale ?
Un des moyens de mieux connaître « nos racines » serait d’évoquer l’histoire du Québec à partir de 45 événements emblématiques, épisodes oubliés ou anecdotes révélatrices. Voici deux exemples proposés par Sylvain Daignault : notre frontière commune avec les États-Unis a souvent été le catalyseur de querelles et de contrebandes, surtout durant les années 1920 lorsque les Américains vivaient la prohibition de l’alcool ; ainsi, une maison de tolérance de la région de Brome-Missisquoi était située sur la frontière entre le Québec et le Vermont, ce qui permettait aux contrevenants d’échapper à la juridiction de leur pays en se réfugiant – instantanément – de l’autre côté de la ligne. Autre événement, tragique celui-là et trop peu commémoré : à Québec, quatre des manifestants voulant protester contre la conscription forcée ont été tués par l’armée canadienne, le 1er avril 1918.
Québec insolite rappelle au lecteur ces quelques moments d’histoire. Visuellement, le livre de Sylvain Daignault contient plusieurs photographies rares comme celles de la construction du tunnel sous le mont Royal, en 1912, et de l’entrée de ce même tunnel, visible jusqu’en 1962, sur le site de la Place Ville Marie. Ailleurs, on voit trois photos du célèbre géant Édouard Beaupré (1881-1904).
Le gros problème, c’est que certains passages de Québec insolite sont retranscrits presque intégralement à partir de différents sites Internet, sans guillemets et sans mention directe de la source, sauf une série de références regroupées en fin de volume dans la bibliographie. Ainsi, le passage suivant se retrouve à la fois dans le livre de Sylvain Daignault et sur le site « Le Québec et les guerres mondiales » (https://www.lequebecetlesguerres.org/espion-allemand-sur-le-territoire-du-quebec/), d’abord sous la signature de M. Pierre Vennat, à propos d’un espion nazi débarqué en Gaspésie en 1942 qui voulait « se loger dans un hôtel de New Carlisle, sous le nom de William Brenton, avant de prendre le train pour Montréal où il devait mener ses activités ».
Cet autre passage à propos de l’incendie du Parlement du Canada-Uni situé à Montréal, le 25 avril 1849, reprend textuellement un article de Wikipédia (« Incendie de l’hôtel du Parlement à Montréal », https://fr.wikipedia.org/wiki/Incendie_de_l%27h%C3%B4tel_du_Parlement_%C3%A0_Montr%C3%A9al) : « Tout l’édifice du marché Sainte-Anne s’envole en fumée. Le feu se propage à quelques édifices adjacents, dont une maison, des entrepôts de commerce et l’hôpital général des Sœurs grises. Les émeutiers ne laissent pas les pompiers lutter contre les flammes qui dévastent le parlement ».
On comprend mal comment un éditeur comme Broquet a pu laisser passer de telles lacunes. Un étudiant du baccalauréat recevrait un zéro pour une telle négligence. Pour ces raisons, Québec insolite ne se destine pas aux historiens, qui seraient choqués de constater l’absence de sources précises, mais il pourrait peut-être intéresser les non-historiens voulant en savoir un peu plus sur le Québec d’autrefois. On préférera les ouvrages plus rigoureux du regretté Jacques Lacoursière (comme son Histoire populaire du Québec, ou son Boréal Express), chez Septentrion.