Tout comme le commerce, l’industrie de la prostitution s’est mondialisée et a pris un essor considérable. Les guerres et la pauvreté endémique de certaines parties du globe ont facilité la traite des êtres humains à des fins d’exploitation sexuelle, un marché des plus lucratifs. Des agences ont pris d’assaut Internet pour augmenter le tourisme sexuel et autres commerces du sexe, dont celui des enfants. Spécialistes reconnus et jeunes universitaires font le tour de la question dans Prostitution et traite des êtres humains. Ils répondent à ceux qui prétendent, entre autres, que le travail du sexe est un métier comme un autre, s’attaquent au préjugé voulant que la prostitution soit « le plus vieux métier du monde », impossible à enrayer, vu les « pulsions sexuelles masculines irrépressibles ».
On trouve dans cet essai un portrait aussi précis que le côté clandestin de la prostitution et du trafic des êtres humains puisse permettre : des statistiques faisant état du nombre effarant de femmes victimes d’exploitation sexuelle, rappelant du même coup la forte dominante masculine de la « clientèle » ; le sort réservé aux prostituées, objets sexuels émotionnellement dissociés qui se droguent pour survivre, se suicident, meurent prématurément ou à petit feu ; le trafic de jeunes femmes de l’Europe de l’Est, par exemple, que l’on amène clandestinement vers l’Ouest en leur promettant un emploi, et qui se retrouvent sous la domination d’un proxénète ; jusqu’à la complicité de dirigeants qui voient dans le tourisme sexuel une industrie florissante et un apport de devises étrangères.
Prostitution et traite des êtres humains fait également la recension des lois et règlements sur la prostitution, en montre les limites et présente la loi suédoise de 1999 comme un modèle. En effet, les auteurs du collectif prennent clairement position pour ce qu’ils nomment l’abolitionnisme, comme le fait cette loi qui criminalise les prostituteurs, tant clients que proxénètes, et considère les prostituées comme des victimes à aider puisque, selon eux, la prostitution, pas plus que l’esclavage, ne peut être libre et volontaire. Par conséquent, les auteurs réfutent les arguments aussi bien des prohibitionnistes et des réglementaristes, que des déréglementaristes.
Par la variété et la provenance des références, par la richesse des informations, cet ouvrage collectif, unique, offre un éclairage dont on ne saurait se passer dans le débat public.