Dans son dernier roman, Henning Mankell raconte le voyage intérieur d’un homme en apparence calme et maître de lui-même qui se révélera au fil des pages secret et fragile. « La plus grande distance à laquelle je dois me mesurer, c’est celle qui me sépare de moi-même. Où que je sois, la boussole pointe de toutes parts vers l’intérieur de moi-même. »
À l’automne de 1914, tandis que la guerre gronde au loin, le capitaine Lars Tobiasson-Svartman, hydrographe, s’embarque sur un cuirassé ; on l’a chargé de mesurer les fonds marins de la Baltique pour tracer une nouvelle route maritime. Au cours de cette mission secrète, il fera la rencontre d’une femme, Sara Fredrika, qui vit seule sur l’île d’Halsskär. Est-ce l’amour qui le pousse à mentir à Kristina, sa femme, et à ses supérieurs pour entreprendre des missions imaginaires qui le ramèneront sur l’île d’Halsskär ? Est-ce au nom de cet amour que Lars Tobiasson-Svartman commettra l’irréparable ? De mensonge en mensonge, le capitaine s’égare. « Il y a quelque chose qui m’échappe, pensa-t-il. Un avertissement. Je suis en train de commettre une erreur, sans savoir laquelle. »
Ce sont les jours troubles que traverse son personnage que Mankell nous décrit, ses doutes, ses interrogations, jusqu’à l’effondrement de ses certitudes, jusqu’à ce que, lentement, le piège qu’il a lui-même créé se referme sur Lars Tobiasson-Svartman.
Henning Mankell ne cesse de nous surprendre. Depuis qu’il a abandonné la série Wallander, il nous offre des récits graves et déconcertants où évoluent des êtres vulnérables, ce qu’annonçait déjà Comédia infantil (1995) avec Nelio, l’enfant de la rue. Avec Profondeurs,Mankell nous démontre encore une fois qu’il excelle à rendre tangibles les tourments de l’âme humaine.