Ce livre illustré ‘ le dix-septième de la célèbre collection « Aux limites de la mémoire » ‘ porte sur l’alimentation, sujet fondamental dans l’histoire du Québec et combien révélateur du caractère distinct de la vie québécoise. Comme dans les ouvrages précédents, on découvre près de 200 photographies anciennes, toutes inédites et accompagnées de brèves notices. Le texte de présentation des auteurs me semble le meilleur de toute la série, en raison de sa précision quant aux fonds d’archives consultés, aux instruments de recherche utilisés (dont le Pistard de la BanQ) ; on nomme même certains des photographes dont les clichés sont ici reproduits.
Travail à la ferme, repas de familles nombreuses, de groupes ou d’adolescents, festins en plein air ; on redécouvre toutes les significations et souvenirs reliés au geste de manger et aux plaisirs de la table. Certaines images restent évocatrices d’une époque révolue : le supermarché A&P des années 1940, les « pintes de lait » en verre, le luxueux restaurant Île de France du neuvième étage de l’ancien Eaton de la rue Sainte-Catherine, mais aussi l’épluchette de blé d’Inde d’autrefois, les parties de sucre, les marchés publics. On y voit autant les grandes cuisines, les restaurants de luxe comme le Ritz-Carlton que les innombrables casse-croûtes comme le Roi du hot-dog et autres « petits restaurants du coin ». On reconnaît aussi certaines de nos fameuses « prêtresses des bons petits plats » bien agrémentés : Françoise Gaudet-Smet, Jehane Benoît et sœur Berthe. Il n’y manquerait que sœur Angèle pour compléter ce portrait de nos figures légendaires de l’alimentation ! Le dernier chapitre porte sur les apports du Québec ethnique sur le plan alimentaire : le célèbre restaurant Schwartz du boulevard Saint-Laurent, l’inégalable restaurant Continental et l’épicerie fine Bardou et Fils de Québec, sans oublier les restaurants chinois du Chinatown ! Certaines des légendes accompagnant les photographies restent particulièrement éloquentes : « Faire son Steinberg » ou encore cette enseigne datant de 1941 affichée sur le mur d’une humble cuisine : « Mangeons plus de poisson ! »
La lecture de ces Plaisirs gourmands ne devrait pas être réservée aux personnes âgées et aux historiens ; le jeune public pourra ainsi recevoir des leçons d’histoire visuelles à partir d’exemples liés au quotidien.