Destiné tant au mordu de science-fiction, qui l’adoptera comme ouvrage de référence, qu’au lecteur moyen, qui découvrira une page méconnue de l’histoire littéraire québécoise, ce Petit guide vient à point nommé. À part peut-être le DaliAf (2011) de Claude Janelle, également paru aux éditions Alire, aucun ouvrage récent ne permettait de retracer la genèse de la SF au Québec.
Ce genre littéraire est pourtant bien implanté dans la Belle Province. Certes, le mot science-fiction ne s’est imposé qu’à partir de 1927 grâce à Hugo Gernsback (un immigrant luxembourgeois qui désignait sous ce nom les récits qu’il publiait dans des revues américaines bon marché comme la célèbre Amazing Stories). Or, dès 1838-1839, le journaliste et écrivain québécois d’origine suisse Napoléon Aubin faisait paraître des récits qui s’inscrivent dans cette catégorie : « Plan de la République canadienne » et « Mon Voyage à la Lune ». À travers sept chapitres richement documentés et abondamment illustrés, Jean-Louis Trudel reconstitue les étapes-clés de l’évolution du genre au Québec. Il présente l’apport des auteurs pionniers (Napoléon Aubin, Jules-Paul Tardivel, Ubald Paquin, Jean-Charles Harvey), décrit la contribution des grands praticiens (Jean-Pierre April, Élisabeth Vonarburg, Jacques Brossard, Daniel Sernine, Sylvie Bérard) et considère les voix les plus nouvelles (Ariane Gélinas, M. V. Fontaine). Il ne se cantonne pas aux auteurs et aux œuvres, car il tient compte aussi de nombreux facteurs très pertinents : les éditeurs et les collections spécialisés, les prix littéraires, les manifestations comme le congrès Boréal, les autres médias comme le cinéma ou la bande dessinée, les revues (Requiem, imagine…, Solaris) et les fanzines. Il signale de surcroît certains phénomènes de société comme l’affirmation de la culture « geek » à l’aube du présent siècle.
En résulte un ouvrage qui donne l’impression d’être complet malgré sa concision (il s’agit d’un « petit guide », ne l’oublions pas). On notera par ailleurs la grande humilité de Trudel, qui, parce qu’il est ontarien, passe sous silence sa propre œuvre (qui compte une trentaine de titres depuis 1994 et lui a valu de nombreuses récompenses). Se contentant d’évoquer les textes cosignés avec Yves Meynard sous le pseudonyme de Laurent McAllister, Trudel laisse visiblement à d’autres le soin de lui lancer les fleurs qu’il mérite.
PETIT GUIDE DE LA SCIENCE-FICTION AU QUÉBEC
- Alire,
- 2017,
- Québec
176 pages
19,95 $
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