Un format original et attrayant et des ouvrages qui enrichissent la culture d’ici : voilà l’objectif que s’est donné La grenouille bleue, une division des éditions du CRAM, créée au début de l’année 2009. Au moment où ces lignes paraîtront, la petite maison d’édition comptera sans doute sept ou huit titres à son actif dont Tous les chemins mènent à l’ombre de Dany Tremblay, Pourquoi je n’ai pas pleuré mon frère d’Yves Chevrier, Le puits de Pascale Bourassa et cet ouvrage paru au terme de sa première année d’existence : Ombres sereines de Michel Samson.
La facture du livre, certes, est invitante. Un format de 22 cm x 12 cm environ, qui se manipule bien. Sur la quatrième de couverture, quelques mots sur l’ouvrage et une photo de l’auteur avec un bref résumé biobibliographique. La couverture, elle, invite au voyage : sur un fond bleu nuit, une photo en noir et blanc d’un paysage asiatique où l’eau domine, et ces deux mots, « récits immobiles », qui tout de suite donnent le ton
Grand voyageur fasciné par l’Asie, Michel Samson nous invite en effet à un itinéraire au cœur de l’âme humaine en compagnie d’un maître zen distillant tout doucement son enseignement à un étranger devenu son disciple le temps d’une rencontre dans ce pays du Dragon bleu où ils se croisent par hasard. « Je me taisais, ne bougeais pas. Tout mouvement aurait trahi mon manque d’écoute. Je n’étais pas prêt. Mais le serais-je jamais ? Il y avait des questions dans les paroles du maître. Il y avait aussi des réponses, je le savais, bien qu’aucune d’entre elles ne m’apparût clairement. Des intuitions peut-être, et encore, très vagues. Très subtiles. » Entre le bonze et l’élève désarçonné qui, précise la quatrième de couverture, sont installés devant les eaux du Mékong s’amorce une étrange relation tissée de récits et de contes du Japon et du Vietnam, de silences et d’immobilité. « La sagesse, il n’en parlait jamais. Les principes, il ne les énumérait pas. De fait, il ne parlait jamais de ces choses importantes. Mais il était là. J’y étais moi aussi. Il racontait » Mais sous cette apparente absence d’agitation tourbillonne la complexité de la destinée des hommes, de leurs motivations, de leurs émotions, de leurs contradictions.
De la légende des flamboyants au dernier cadeau du calligraphe, de la leçon de pêche d’un vieux bonze au samouraï repentant, Michel Samson nous entraîne à sa suite avec un art tout en finesse. Un art asiatique ciselé de peu de mots. On referme ces Ombres sereines avec l’impression d’être parti très loin et très longtemps. Et avec l’envie d’y retourner.