Le dernier-né de Philip McLaren, auteur australien de thrillers, est un roman à tiroirs. Cette construction originale, où chaque personnage est présenté avec son passé, se révèle d’abord déroutante puis, au fil des pages, on voit le ciment qui lie les onze rêves. En effet, chacun des rêves (les chapitres en somme) est en quelque sorte un récit autonome. Mais réunis les uns aux autres, les « rêves » constituent la trame d’une histoire où, sur fond de racisme, évoluent des êtres qui, malgré leurs différences, feront l’expérience d’une proximité qui les aidera à se construire une véritable identité.
Nouveaux rêves est une histoire de lutte, celle de la survie et de la reconnaissance d’une minorité en Australie. L’histoire, qui tourne autour de quatre personnages centraux (Lottie, Ralph, Emma et Dundiwuy) auxquels s’ajoutent des personnages que j’hésite à dire « secondaires », s’étale des années 1950 jusqu’au milieu des années 1970 et nous conduit de divers coins de l’Australie aux États-Unis où l’un d’eux, Dundiwuy, se mêlera à la minorité noire de New York. C’est au cours des années 1960 et 1970 que la politique de l’« Australie Blanche » s’est peu à peu assouplie mais, comme tous les pays oppresseurs, l’Australie a dû faire face à des irréductibles (dont Emma et Lottie sont de dignes représentantes) pour finalement reconnaître aux Aborigènes des droits fondamentaux.
Injustices, abus de pouvoir et détentions arbitraires, violences familiale et conjugale, excès d’alcool, rapt « légal » d’enfants, exil volontaire, problèmes de minorité en lutte, des difficultés de toutes sortes ponctuent l’histoire de Lottie, Aborigène, mariée très jeune à son cousin, Ralph, qui connaîtra une fin tragique. Déconcertant tant par sa forme que par son contenu, Nouveaux rêves plonge le lecteur non seulement dans la lutte des droits des minorités contre l’intolérance mais au cœur même du droit fondamental à la différence.