Même si la tourmente qui secoue le monde des communications dure depuis plusieurs lustres, les changements qu’elle permet ou inflige demeurent si marquants qu’il faut encore parler de nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Nouveauté il y a, en effet, dans la vie quotidienne, nouveauté aussi dans les verdicts des spécialistes sur une révolution aux axes incertains. D’où l’intérêt d’un colloque comme celui que Normand Baillargeon et son groupe ont organisé.
Tout ne fut pas technique dans ce débat. À titre d’illustration, plusieurs des spécialistes rassemblés autour de Baillargeon ont montré du doigt l’insatisfaction presque guerrière d’un grand nombre à l’égard des médias traditionnels. Englués dans une objectivité dont ils seraient les détenteurs uniques alors qu’elle n’existe pas, ceux-ci écopent de blâme plus souvent que de gratitude. Sitôt pourvu d’instruments d’enregistrement, le citoyen lambda met d’ailleurs le journaliste professionnel dans l’embarras en révélant ce que l’autre n’a pas vu ou a préféré taire ; sur les comportements policiers, par exemple. Le journaliste professionnel aura beau déplorer l’amateurisme de ses nouveaux collègues, la société se régale d’une information soudainement plus alerte. Journalistes, où étiez-vous ?
Isabelle Gusse précise et alourdit le reproche. Ce n’est pas surtout le fait brut qui est en cause ni la révélation qu’en font les adeptes du téléphone intelligent ou de la caméra omniprésente. C’est la différence de perception et d’analyse qu’apporte le regard citoyen. Les deux exemples que soumet Isabelle Gusse constituent un test barbelé : le premier, c’est la réaction des médias traditionnels face à l’alternative truquée de Jean Charest en 2012 (« la loi ou la rue ») ; le second, le reproche adressé par les mêmes médias au député Daniel Breton en raison de son militantisme. Dans les deux cas, la conclusion des médias traditionnels n’est ni la seule ni la meilleure. À tel point que les médias traditionnels font figure de complices du pouvoir plutôt que d’informateurs. Sur ce terrain, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) encaisse les coups sans vraiment s’expliquer. Son président d’alors, Bryan Myles, « a participé au colloque, mais n’a pas proposé un texte pour ce collectif ».
Bien sûr, on s’est interrogé sur l’avenir. Prudent, le colloque n’a pas tenté d’en prédire le détail. Il lui suffit d’avoir permis aux optimistes comme aux inquiets de s’exprimer, aux praticiens comme aux amateurs de se colleter d’éclairante et costaude façon, aux virtuosités des instruments et de la technique d’entrevoir les corollaires de leurs choix.