Histoire vraie : en août 1993, une Californienne de 26 ans, diplômée de l’Université de Stanford, Amy Elizabeth Biehl, militante anti-apartheid, est assassinée de manière abrupte et désordonnée par une foule enragée de jeunes Noirs, à Gugulethu, un township situé près du Cap.L’affaire a un retentissement énorme dans le pays. Les coupables sont retrouvés, mais pardonnés en 1998 par la Commission vérité et réconciliation, prenant prétexte du caractère « politique » de ce meurtre : car Amy Biehl était blanche, donc malgré elle figure « raciale » de l’ennemi à combattre.Le roman maintenant : l’auteure, figure littéraire avantageusement connue en Afrique du Sud, raconte l’autre versant de l’histoire, soit la vie de l’assassin. La forme : une lettre, de la mère de l’assassin à la mère d’Amy Biehl, d’où le titre, Mère à mère.« Mon fils a tué votre fille » ; ainsi débute le roman. Sans grande surprise, le destin de la mère sud-africaine, Mendisa, et de sa famille n’a rien de très enviable. D’abord, la famille vit à Gugulethu, une bourgade violente, sans âme, sans végétation, boueuse, bref sans attrait, sans gaieté aucune.Ensuite, le père du meurtrier et conjoint de Mendisa, a quitté femme et fils sans laisser de traces, obligeant ainsi la mère à gagner durement sa pitance comme femme de ménage dans une richissime famille blanche.Enfin, le fils, qui deviendra le meurtrier, Mxolisi, vivra tout jeune un drame terrible : il dénonce sans en prévoir les conséquences la cachette de jeunes fuyards, recherchés par la police, et ces jeunes, on ne les reverra plus. Pris de culpabilité, Mxolisi en deviendra atone, pendant des années.Malgré tout, ce dernier grandit et s’engage politiquement. Mais dans une atmosphère de lutte sans merci, sans limite, à mener contre les Blancs : « un colon, une balle », crie le peuple grouillant de haine contre son assujettissement.Le roman tient sa gageure : nous plonger dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, ses injustices, mais aussi ses complexités. Les méchants ne sont pas toujours les Blancs. Les bons ne sont pas toujours les Noirs. Mais l’empathie, heureusement, et surtout la bonté du cœur des mères, illuminent les âmes, des deux côtés.
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