Née en Azerbaïdjan où sa famille avait été évacuée pendant la guerre, l’écrivaine et biologiste russe Ludmila Oulitskaïa vit à Moscou. « Peut-on comparer le bon gros mensonge masculin avec ces charmants petits mensonges de femmes ? » questionne-t-elle dès l’avant-propos de Mensonges de femmes. Son amusant postulat sert de fil conducteur au livre, tout en lui donnant un je-ne-sais-quoi de guilleret.
Le récit est un collage de nouvelles racontées par la narratrice Génia à différents moments de sa vie, accompagnée ou pas de son fils Sacha et de son mari Kyrill. À partir des années 1980, on suit l’histoire de la Russie et la petite histoire de quelques merveilleuses menteuses. « Les femmes font tout autrement : elles pensent, elles sentent, elles souffrent et elles mentent autrement. »
Le lecteur fait ainsi la connaissance de personnages attachants, dont l’âme russe ne manquera de l’attendrir, qui travestissent la réalité par jeu ou pour attirer la compassion. Jamais par spéculation ou froide ambition. « Son ravissant visage resplendissait, elle était toute contente et rayonnait de vérité pure et vraie. »
Il y a Irène, affabulatrice de talent, improbable rejeton d’une communiste néerlandaise et d’un espion irlandais, qui raconte dans les larmes les fausses morts de ses faux enfants. « Pauvre Irène Perdre quatre enfants » Et puis il y a Nadia, qui s’ennuie et s’invente un frère. L’adolescente Lilia, invraisemblable séductrice d’hommes mariés. Et encore Anna, qui s’approprie sans vergogne les vers du célèbre poète Maximilien Volochine.
Suit ensuite la saga des prostitués russes, mâles et femelles, à Zurich ou à Genève. « À Moscou, toute cette histoire paraissait encore plus sordide et encore plus inutile. » Génia connaîtra enfin une terrible descente aux enfers. Aidée de la ô combien encombrante Lilia et de la compatissante réfugiée tchétchène Violetta, elle saura rebondir, mettant à profit la détermination dont elle est capable.
Mensonges de femmes est le huitième roman de Ludmila Oulitskaïa publié chez Gallimard. Parmi les œuvres les plus connues, Sonietchka a obtenu le prix Médicis étranger en 1996.