En 2013, afin de dénoncer la collecte massive et aveugle d’informations par des agences de renseignement américaines pour lesquelles l’auteur de cet essai avait travaillé, celui-ci a fourni de nombreux documents très sensibles à des journalistes. Dès lors, la renommée du lanceur d’alerte s’est étendue sans conteste à la grandeur du globe.
Snowden entendait dénoncer l’ampleur de tout ce qui est intercepté et stocké dans de gigantesques banques de données hébergées à l’intérieur d’immenses parcs de serveurs. Ces activités étant parfaitement illégales (et même financées par un « budget noir »), la révélation publique de leur existence a mené à la mise sur pied de plusieurs commissions d’enquête par les deux chambres du Congrès afin de faire toute la lumière sur les abus de la National Security Agency (NSA). Ces enquêtes ont conclu que l’agence avait menti à de nombreuses reprises dans le but de cacher les performances de ses systèmes de collecte de données personnelles. La puissance de l’un de ces outils est telle que, simplement en tapant le numéro de téléphone, l’adresse ou l’adresse IP d’un utilisateur, un agent de renseignements peut suivre sa session Internet en direct, ou même une session terminée et stockée en mémoire. On comprend donc que les informations déjà enregistrées dans l’infonuagique de l’agence peuvent être récupérées et utilisées sans qu’il soit nécessaire, pour cela, d’obtenir un mandat de justice.
Au moment de ses dénonciations publiques, Snowden avait gagné Hong Kong, dans l’espoir de se mettre hors de la portée immédiate du gouvernement américain. Voulant ensuite se réfugier en Équateur, un pays n’ayant pas d’entente d’extradition avec les États-Unis, il entreprend un parcours en avion devant passer par la Russie, Cuba et le Venezuela, afin d’éviter le survol de tout pays d’où il pourrait être extradé vers son pays. Mais à son escale russe, il apprend que son passeport a été annulé et qu’il ne peut donc plus poursuivre son trajet. Depuis ce moment-là, il est contraint à vivre en exil, en Russie.
En ce qui concerne les motivations de Snowden, le renseignement américain s’est, bien sûr, efforcé de le dénigrer. En réalité, il est difficile de se faire une idée claire à son sujet. Est-il un traître et un enfant gâté insatisfait ou plutôt, comme il l’affirme, un champion des libertés individuelles bafouées par les agences de renseignement américaines ? À chaque lectrice et lecteur de se faire son opinion. Il est cependant certain que les attentats du 11 septembre 2001 ont pavé la voie à des pratiques plus agressives, légales ou non, par les agences de renseignement occidentales. Après tout, il était question de guerre à livrer contre le terrorisme. Les citoyens sont-ils disposés à abandonner une certaine part de leur liberté et de leur intimité afin de bénéficier de plus de sécurité ? Peut-être. Si c’est le cas, encore faudrait-il que les lois soient adaptées afin de refléter cette nouvelle réalité.