Quelle belle histoire que le dernier Pierre Pelot nous raconte ! Un récit d’enfance et d’amitié qu’il n’est pas exagéré de qualifier d’épique et dont les héros en culotte courte nous émeuvent tout en nous faisant sourire parfois. Un roman que l’éditeur situe entre La guerre des boutons et Mystic River, deux romans qu’on ne songerait pas, d’emblée, à rapprocher. Pourtant, quand on referme ce très beau livre, on comprend que l’éditeur n’a pas erré en faisant ce constat.
Les fantômes de la mère, morte dans des circonstances tragiques, et de Jean-Claude, le petit frère victime d’un bête et tragique accident, hantent encore la maison paternelle où Jean-Pierre partage, avec son « frère chien » Jean-Claude, les hauts et les bas d’une vie de petit voyou rongé par des détresses trop grandes pour lui. « Un brutal et presque douloureux pressentiment l’écrasa : les vacances qui s’ouvraient le lendemain ne seraient qu’une terrible épreuve tout à fait insurmontable. […] Il lui sembla que le monde, le monde entier, ce qu’il en connaissait ainsi que la partie cachée au-delà de toutes limites, le monde énorme et monstrueux avait choisi cette nuit du 13 au 14 juillet 1957 pour se dresser devant lui, lui barrer la route de toutes parts, le menacer d’aplatissement au moindre regard de travers. » Chef de bande courageux, astucieux et vengeur, Jean-Pierre, que tout le monde appelle Zan, et auquel les habitants du village font porter l’odieux de tous les mauvais coups, petits et grands, vivra à l’été de ses douze ans des événements qui marqueront sa vie à jamais.
Alternant entre le présent et le passé, Pierre Pelot mène habilement son récit où l’on voit bien comment les événements de la prime jeunesse façonnent les hommes et les femmes que l’on devient. Pelot, dont l’écriture est empreinte de poésie et d’une extraordinaire sensibilité, rend bien les doutes et les angoisses de cet âge si déterminant que constitue la fin de l’enfance.