L’auteur serbe David Albahari est né au Kosovo, à grandi près de Belgrade et habite au Canada depuis 1994. Romancier internationalement reconnu, dont les œuvres sont traduites en une dizaine de langues, Albahari est aussi un habile nouvelliste. Ma femme propose d’ailleurs dix-huit de ses nouvelles, parues entre 1984 et 2006 à Belgrade, sa ville d’origine.
Albahari raconte ses histoires en un étrange temps unidimensionnel, comme s’il avait cette habileté de penser l’événement, en même temps qu’il le vit réellement et qu’il l’écrit. « Ceci est une histoire simple, me dis-je, elle ne comportera pas de phrases complexes. Ridicule, dit ma femme, cette phrase-là est déjà assez complexe. » Le ton est donné, il oscillera constamment entre l’absurde et une impitoyable réalité.
Bien qu’elles soient finement ciselées, les courtes nouvelles d’Albahari n’ont ni l’élan ni la profondeur de ses romans, dans lesquels il aborde des thématiques fortes, tels l’exil, le déni, la fuite, la violence, la douleur. Ou la mort. Plus légères, moqueuses ou véritablement délirantes, ses nouvelles conservent toutefois le style que nous aimons, avec une forte dose d’introspection et d’autodérision. « Où sommes-nous, a demandé ma femme, dans une nouvelle ou en plein exercice de métaphysique ? »
Écrites sur une période de vingt ans, les nouvelles de Ma femme partagent un même fil conducteur : le couple. Les difficultés du couple. Les amours et les haines qui surgissent dans les couples. « Sonia lui avait dit qu’elle le quittait. Désemparé, il avait écarté les bras en un geste d’impuissance, incapable de dire un seul mot. »
Éternelles engueulades, méfiance, cruauté ou tendresse, sexe et rock and roll, Albahari décline le couple sous toutes ses formes. « Qui fait quoi dans cette histoire, qui est le protagoniste, qui en est l’auteur ? Ou bien es-tu vraiment une sorcière ? Fais pas chier, dit ma femme. »